Dossier Spécial sur l’enrôlement

De la notion de néo-dictature  à celle del’immobilisme

« Nul n’a le droit d’effacer une page de l’Histoire d’un peuple car un peuple sans histoire est un monde sans âme. » Allain Foka.

Aziz « persiste et signe ». Nous sommes tristes parce qu’Aziz à tort. Mais Aziz n’est-il pas finalement le président qu’il nous faut ? A regarder de près, il nous semble que la Mauritanie contemporaine est en pleine turbulence nécessaire à une éventuelle révolution.

Aziz s’est trompé en plein mois de ramadan, il est mal conseillé et devait d’abord regarder sur le rétroviseur pour contempler l’Histoire politique du pays qu’il dirige.

A-t-il consulté le passé politique récent de la Mauritanie ? A-t-il réellement saisi les dangers qui guettent le pays ?

Nous pensons que NON. Une telle posture s’avère dangereuse pour quelqu’un qui prétend être le premier magistrat du pays et à qui on prête des ambitions de réconciliation nationale.

Nous ne reviendrons pas outre mesure sur le discours du président avec tous les sous-entendus anthropologiques et l’espèce de banalisation insultante de la question nationale symbolisée par le racisme d’état dont les victimes mauritaniennes et africaines sont ensevelies dans les terres dans la vallée, dans le sous-sol d’Inal, de Oualata, d’aleg, de Boghe, de Ould Yenge pour ne citer que ces quelques lieux.

Nous sommes attristés de constater que le rais n’a pas refroidi ses ardeurs : «Il persiste et signe » ; Son recensement est bien lancé et les questions à relents racistes que soulèvent ce dernier ne dérangent nullement le premier magistrat national.

De surcroit l’appel de son allié, par ailleurs patron de l’AJD/MR à renoncer à son recensement, tombe éloquemment dans les oreilles d’un sourd !

Le rais pense, et je pense exactement comme lui, que le recensement est un épiphénomène !!!! Mais le rais n’a cure de l’Histoire de notre peuple ; Une histoire parsemée d’actes odieux tous et de pratiques racistes que cet épiphénomène ne fait que rappeler.

Tel est le point de divergence entre le rais et nous. Nous pensions naïvement que le tombeur de SIDIOCA était déterminé a dégraisser la machine fortement asphyxiée ; Lui a qui on prête des qualités de mécanicien diplômé des écoles huppées du royaume chérifien..

Mais Aziz n’est pas le seul qui banalise l’Histoire de notre pays. Le sont aussi l’ensemble des leaders politiques et certaines sommités intellectuelles qui n’ont pas joué ou qui jouent très mal leur vrai rôle. Et c’est là le drame et toute la logique qui sous-tend le paradoxe politique de la Mauritanie.

En effet, à la lecture de la carte politique nous détectons des choses extraordinaires, des pathologies, une espèce de maladie chronique qui d’une manière ou d’une autre donne aux autorités une espèce d’assurance à ne reculer devant aucune injustice et d’agir comme si tout est acquis d’avance pour heurter les mauritaniens noirs dans leur dignité.

Revenons à cette carte politique : D’abord l’AJD/MR est au sein de la majorité ! Dans un cercle très bizarre. C’est une position politique invraisemblable et insensée ; C’est une erreur stratégique de taille. Immense compte tenu du projet de société que ce parti défend.

Que vient faire un tel parti dans une majorité où elle n’est pas la bienvenue. Le péril sur la vallée, le recensement sélectif, la question des réfugiés sont autant d’invites à quitter le cercle de la majorité où seuls des partis comme le PRDR doivent élire domicile.

Il est impossible de régler la question nationale « sous tutelle » ou « sous-direction » surtout lorsque le partenaire partage des valeurs différentes!!!!! Ensuite l’APP est à la tête de l’assemblée la plus impopulaire du siècle.

Tantôt défendant le «général limogé» contre la violence tantôt revendiquant son ancrage dans une opposition charcutée et sans boussole. Finalement l’APP agit comme l’UFP à l’époque de Taya.

Cette attitude ne correspond plus à son projet de société. En adoptant cette position mitoyenne, La Hoouna Wala Houna (Ni là ni ailleurs) l’APP ne fait qu’aider le système à s’enraciner au détriment des victimes de racisme et de l’esclavage.

Cette Position nous semble anormale pour ceux qui connaissent les ambitions très bien théorisées par son leader Ould Boulkheir ! Mr Ladji TRAORE a bien raison d’être déçu !! Et enfin plus au centre de cette carte, l’infatigable UFP toujours fidèle à un discours équilibriste malgré le feu qui ronge la case.

Le parti de Maouloud très présent dans l’échiquier nous semble parfaitement bien imprégné qu’il s’avère normal de rompre finalement avec leur équilibrisme bizarre, véritable pathologie que ses stratèges doivent tenter d’éradiquer.

Toutes ces forces politiques et tant d’autres n’ont plus une position tranchée par rapport à la question nationale ; Voilà autant de paradoxes qui affectent des partis qui devraient logiquement se déterminer et se positionner autrement au lieu d’afficher une espèce de suivisme politique sans lendemains surtout face à une crise devenue symptomatique d’un pays qui chemine probablement vers le pire………………Celui d’une crise sociale incontrôlable par les nationaux !!

Le fantasme du dialogue au rabais pour une question nationale mal entamée que qu’envisage l’AJD et/ou le fantasme d’un dialogue que prône la COD ne sont ni viables encore moins coherents et  logiques..…….

Apres toutes les souffrances que nous avions vécues, nous sommes ébahi par les attitudes très conciliatrices voire même complices dont bénéficie un régime qui n’a reculé encore devant aucune pratique sectaire et divisionniste.

Notre tristesse devient s’exacerbe avec l’attitude de la diaspora. Notre déception est grande de voir, comme une loi, que la diaspora, ou ce qui en reste, ne s’agite que de façon informelle donc sans aucune organisation ; Il est des évènements (manifestations, marches etc.) dans lesquels certaines organisations et sommités sont absentes révélant la profondeur des contradictions, non pas philosophiques, mais crypto-personelles qui minent cette diaspora.

Il est frustrant qu’à chaque provocation du régime actuel de voir notre population diasporisee agir en rangs dispersés et se quereller sur des questions organisationnelles mineures exactement à l’image des forces politiques internes.

Conséquemment le temps est venu pour faire un bilan !

L’heure a sonné pour agir autrement et mieux ?

En effet le meilleur service que nous rendrons a notre pays est d’inscrire nos activités politiques sur la durée avec des actions programmées, des réflexions continues et une critique documentée des 50 ans d’indépendance mais aussi des 50 d’opposition ; En adoptant une telle démarche nous arriverons ainsi à un bilan qui mettra face-à-face celui d’un état injuste qui a échoué et le bilan d’une opposition qui n’a pas toujours été à la hauteur ;

Et pour aller de l’avant des ajustements via une union sacrée sont seuls capable de servir de précurseur d’un dialogue politique inclusif assorti de propositions concrètes pour un gouvernement d’alternative qui passera inéluctablement par le renversement de l’actuel……..

Mais l’attitude des forces politiques ressemble à une démission. Entre droits et devoirs il y’ a débat. Si nous pouvons renoncer à notre droit de nous recenser, il n’en est pas ainsi de nos devoirs pour paraphraser Feu Mamadou DIA du Sénégal ; Feu Mamadou DIA répondait à Senghor dans la tentative de ce dernier de le « libérer » après le mensonge de coup d’état de 1962 inventée pour liquider un homme politique rigoureux et un économiste révolutionnaire.

Devenu gênant pour la classe parlementaire corrompue, pour la justice instrumentalisée, pour une classe maraboutique apeurée par les reformes agricoles et enfin pour les milieux commerciaux, véritables vassaux d’une puissance coloniale qui ne voulait pas de l’indépendance, le père de l’indépendance succombera au complot de la majorité des hommes politiques de cette époque………….. Bref un véritable gâchis qui semble suivre encore le Sénégal d’aujourd’hui………..

C’est justement cette espèce d’environnement qui nous enlise et nous guette. En effet le péril sur les terres arables, le passif humanitaire, l’esclavage, la corruption a tous les niveaux, le vol de l’argent public à des fins de promotion sociale, familiale, tribale et régionale, le sabotage du systeme educatif avec une  banalisation de nos langues nationales (dc de notre humanité….),

le drôle de recensement sont des questions liées les unes aux autres et qui, somme toutes, sont le resultat d’un système politique inique ; Ce système est fortifié par la présence des vassaux que sont les parlementaires,

les agents de l’état qui doivent aux peuples ses ressources publiques blanchies via des infrastructures insolentes, par la présence aussi d’une opposition «tétanisée» pour reprendre Feu Saidou KANE(Rahima Hou Allah) et bien sûr d’une classe intellectuelle inerte dans sa majorité.

C’est au contraire les « intellectuels » Banafa qui font la loi et qui jouent un rôle terrible dans la pérennisation du système actuel prêts qu’ils sont à soutenir les nouveaux régimes et prêts à verser des sommes énormes pour animer les Ziarras annuelles .

Ces dernieres sont devenues de véritables retrouvailles inventées pour détourner les populations de leur chance de se doter d’une conscience politique qui les aiderait à saisir la responsabilité de l’état dans les crises quotidiennes auxquelles elles font face.

Ces «intellectuels» Banafa qui se comportent comme des « domestiques » sont malheureusement les plus nombreux et ne reculent devant aucune initiative pour soutenir l’état dans ses ambitions suicidaires de continuer ses pratiques racistes, esclavagistes et féodales dont les corollaires sont dramatiques.

Le drame est là, la question nationale reste entière et n’est même pas évoquer dans ses aspects les plus élémentaires. Cette Question nationale qui correspond aux injustices de toutes sortes et qui affectent les noirs ne bénéficient pas de l’attention philosophique de la part de la classe politique et des intellectuels.

Or les nombreuses inégalités politiques, administratives (la carte électorale), institutionnelles, économiques, sociales, éducatives, culturelles pour ne citer que celles-là, exige un nouvel ordonnancement de l’état longtemps revendiqué par plusieurs acteurs politiques.

Notre grande tristesse, est que les acteurs qui devaient jouer le rôle de pression manquent à l’appel et sont noyés dans des querelles essentiellement de survie bureaucratique donc de promotion éphémère et non pas idéaliste renvoyant à cet idéal de cohabitation réelle.

Nous devons changer d’idéal politique et pour ce faire une forte conscience politique….doit aider à en arriver là. La psychologie des dominés que nous sommes doit absolument changer.

Hélas ! Dans notre majorité écrasante, le commun des mauritaniens cherche à survivre et/ou à régler le problème de la « pauvreté » ou de la marmite comme si cette pauvreté était métaphysique!!!!!!

N’est-il pas courant d’entendre le commun des mauritaniens lancer des propos du genre: « Je vais partir à l’école pour avoir tel diplôme parce qu’il sera plus de facile de trouver du boulot » ;ou des propos du genre :

« Chercher à réussir au lieu de faire la politique » ; ou encore : « Occupez-vous de votre avenir parce que ce pays ne changera jamais » ; « Construisez des maisons d’abord et faites-vous des terrains et chercher à économiser pour visiter la Mecque »……………autant de propos qui renseignent sur le sentiment de démission et de défaite consommée et en même temps de culpabilité terrible d’une génération qui refuse de se prendre en charge et qui, sans le savoir, reprend la logique du pouvoir et des « pouvoiristes » qui ont toujours milité pour la politique du ventre.

Or cette « pauvreté » a des causes; Elle est généré essentiellement par des politiques sans vision, des pratiques de corruption systémique et le vol organisé des ressources publiques accompagnés de violation des droits humains manifestement symbolisées par une justice inféodée totalement à l’exécutif.

Aujourd’hui les mauritaniens souffrent des effets de la néo-dictature et de l’immobilisme de l’opposition très désorganisée et il sera ainsi impossible de faire l’économie d’une transformation radicale ; autrement la majorité d’entre nous sera réduite en esclaves si nous ne le sommes déjà.

Les forces politiques significatives (sociologiquement et/ou populairement) doivent faire des ruptures pour quittaient leur état d’immobilisme suicidaire et surtout engager des débats de philosophie politique a la place des querelles de préséance qui nous ont tant minées.

Les populations sont encouragées à bouger et à créer la pression en organisant des sit-in, des grèves, des journées villes mortes avec l’appui des forces politiques significatives qui doivent impérativement se démettre de leurs querelles.

La mise en place d’un cadre autour d’une union sacrée comme disait l’autre, à la place de l’isolement des forces politiques et l’éparpillement aussi bien au niveau national qu’au sein de la diaspora, devient une condition sine qua non pour contrarier le pouvoir actuel.

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Marième et Birgitte Daddah ne sont plus mauritaniennes !

Ce qui est terrifiant avec ce régime, c’est qu’à défaut d’avoir les ressources pour fédérer les mauritaniens, les faire rêver, le voilà qui fait tout pour les diviser et les monter les uns contre les autres comme si la position de l’état face à la double-nationalité était un gage de bon sens ou même de patriotisme or il n’en est rien, bien au contraire.

Voyons cette loi aberrante venant d’un régime aberrant : d’abord remontons à la source pour s’étonner que Daddah le grand ayant épousé une française n’ait jamais songé à tous les métis de ce pays au point de leur éviter d’avoir à faire un choix barbare à savoir choisir entre le sang de leur père ou celui de leur mère alors que les deux coulent dans leurs veines.

Ainsi, même si les lois n’ont aucun sens au pays des coups d’état où l’occupant du moment a de fait tous les droits du règne de l’arbitraire, souvenons-nous que jusqu’en 2010, la loi de 1961 ne reconnaissait pas la double-nationalité.

Qu’est-ce que cela signifie ne pas reconnaître ?

Est-ce que cela signifie qu’étant mauritanien votre seconde nationalité n’a aucune valeur ?

Selon Aziz, le polytechnicien, juriste à l’occasion, jusqu’à lui quiconque prenait une autre nationalité perdait automatiquement la nationalité mauritanienne même le Maroc n’abandonne jamais la marocanité de ses sujets aussi lâchement !

Aziz, en bon juriste, s’y connaît en conséquence d’un mot : il dit « un mauritanien qui se retrouve en France et qui prend la nationalité française n’est plus mauritanien tant qu’il n’a pas demandé à garder sa nationalité mauritanienne.». Demander ne signifie pas avoir le droit, demander signifie demander… ensuite c’est par décret au cas par cas que le pouvoir vous accepte ce droit ou non ;

Très bien ! Mais qu’en est-il d’un étranger qui devient mauritanien ?

C’est le cas de tous les peuples qui ont fondé la Mauritanie ! Cet étranger acquérant la nationalité la perd aussitôt vu qu’il a une autre nationalité ou la Mauritanie lui retire-t-elle son autre nationalité ? C’est aberrant !

Ainsi sans parler de tous les mauritaniens nés de parents mauritaniens de souche, même si cela ne veut rien dire, qui ne sont plus mauritaniens de droit depuis qu’ils ont une autre nationalité car d’une part la loi de 1961 leur retire la nationalité de fait et celle d’Aziz les oblige à demander un décret

les réintégrant or combien de tels décrets ont-ils été délivrés depuis ?

En clair, à cette heure le pouvoir bien renseigné peut débarquer chez n’importe qui ayant la double-nationalité et l’expulser ! Des dizaines de milliers de maures et de harratines sont concernés sans parler des négro-mauritaniens !

Nous disons que sans parler de ces gens-là, on peut estimer que, pour ne citer que des cas charmants, Marième Daddah et Birgitte Daddah ne sont plus mauritaniennes tant qu’Aziz ne leur délivrera pas un décret encore faut-il qu’elles en fassent la demande ! Car ni la France ni le Danemark ne les ont déchues de leur nationalité !

Voilà où mènent des lois élaborées par des irresponsables dangereux qui estiment avoir le droit de décider de la mauritanité du peuple car ils représentent une force armée digne de l’occupation étrangère.

Qu’attend Aziz pour réclamer à quiconque veut garder la nationalité mauritanienne d’être déchu de son autre nationalité ? Il ferait un carton chez les complexés qu’il excite…mais il y perdrait lui-même…

Vu le nombre de belges, de marocains et même de sénégalais chez ses ministres et dans sa propre famille, on peut comprendre qu’Aziz veuille se réserver le droit de servir des décrets leur évitant la charrette de l’exil…

Tout ça pour dire combien ce régime est à bout de souffle, incapable de rassembler, de faire rêver, d’unir les mauritaniens autour du vivre-ensemble. L’essentiel est toujours de diviser éternellement pour régner. Triste règne.

Règne qui va jusqu’à ne pas reconnaître à des enfants métis le droit à avoir deux cultures ce qu’ils sont de fait, génétiquement et culturellement. C’est barbare ! C’est primitif, c’est archaïque, en un mot c’est criminel ! Ce manque d’humanité, cette façon d’être mentalement étriqué est la marque des esprits étroits ennemis jurés d’un peuple métis de culture et de sang !

Nous sommes tous des métis ! Et si chacun devait rentrer chez lui, chez ses ancêtres, seuls les harratines resteraient ici car ils n’ont pas où aller sinon rester chez eux !

Merci !

Source: Chezvlane Blogspot

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Nous sommes tous des mauritaniens ! La panthère et numéro national

La campagne d’enrôlement pour la mise en place des documents numérisés fait couler trop d’encre et de salive. Espérons et souhaitons qu’elle ne fasse couler un liquide beaucoup plus précieux.

Tout prête à croire que les C.A.C. (Comités d’Accueil des Citoyens) chargés de l’opération font des erreurs, voire des fautes. Mais, ça et là, une surenchère sévère gonfle de plus en plus ; aussi bien dans les milieux populaires que chez des intellectuels de haute tenue et des journalistes qui se veulent engagés.

Il est urgent de s’occuper de redresser la barre, avant que des extrémistes pyromanes ne nous plongent dans des conflits, aux conséquences aussi brutales qu’imprévisibles, en irritant « la panthère identitaire ».

Dans le magazine ‘’Mauritanies 1’’, le professeur Lô Gourmo, un citoyen au-dessus de tout soupçon, trop fâché, a tout simplement perdu le calme. Mettant de côté la pédagogie et la retenue de ton dus à un citoyen doublé d’un intellectuel de haut rang, il a tout simplement vomi ce qu’il avait dans les entrailles du cerveau. Le recul par rapport aux choses et la prévoyance sont l’apanage de l’homme du savoir.

Quelque temps après, dans le sillage de M. Lô, Ahmed Jiddou Aly-qui s’est départi en signant son article de son « Ould » ;Est-ce un nouvel état civil ?– a jeté ce qu’il veut être un imposant pavé dans la mare des nouveaux tenants de l’Etat civil.

Ce très long jet d’encre m’a agréablement surpris, tant il est vrai que AJA (Ahmed Jiddou Aly) devient, du coup, féru d’histoire et de culture générale, lui qui nous reprochait dans « son » journal ‘’Al Mourabit’ ’d’être hors- sujet lors que nous faisions référence à l’histoire ou à la mythologie grecque. C’est bien d’avoir des parents par alliance ayant des têtes pleines, et soi même une tête bien faite. Ca marche ! On avance.

Même si AJA est principalement choqué, outre mesure, par le fait que ses beaux-parents et son ami personnel Wane Birane ont été froissés par les CAC (ce qui est du reste regrettable), sa contribution aurait le mérite d’ouvrir un débat particulièrement important.

Cependant, toute médaille a son revers, et la perfection n’est pas de ce monde. En effet, parti, à bride abattue, l’auteur de « nous sommes tous des étrangers » s’est (mé) pris lui-même, peut être inconsciemment, au jeu des logiques primordiales périlleuses».

Du questionnaire gênant

Pour certains usagers de l’administration qui sont passés à l’enrôlement, ce travail a une apparence : la mise en place d’un numéro national pour établir les documents numérisés ; il a une réalité : le pouvoir procède à une remise en cause de la Mauritanie d’une partie de la population.

Le président Aziz voudrait-il déstabiliser le pays tout en sciant la branche sur laquelle il est assis ? Un certain Mrabih (notre photo), cousin germain du Président a-t-il manqué de doigté ou d’attention à son âge ? Ou bien il s’agit de l’incompétence de certains membre des CAC ne connaissant pas mener à bien leur mission ?

Etant donné l’incurie de l’administration, aggravée ces dernières décennies par l’échec de l’enseignant scolaire et universitaire, tout est possible. Il n’est pas exclu que parmi les membres des CAC, se trouvent des extrémistes pris d’un sectarisme morbide, ou simplement des novices. Il en existe dans toutes les souches sociales, malheureusement.

A s’en tenir à la forme ou à la formulation du questionnaire, il va falloir que l’ADG de l’Agence Nationale du Registre des Population et de Titres Sécurisées monte, sans tarder, au créneau pour séparer le grain de l’ivraie et rectifier le tir s’il y a des devers malencontreux ou malveillants. Si l’existence des questions du genre « connais –tu Bâ Sileye ou Magatt Fall », s’avère, disons que c’est le comble du ridicule.

Ces questions ne seraient pas exclusivement réservées aux Negro- Mauritaniens. A un Oulad Demane de Boutilimitt, on n’aurait demandé : « connais-tu Cheikh Sidya ? » Question aussi facile que saugrenue ! En tout état de cause, cet embrouillamini doit s’évanouir. Et rapidement.

Sommes- nous souverains ?

En dépit des avatars de la globalisation, les Etats doivent-ils garder une parcelle de souveraineté. L’Etat-civil, tout en étant la pomme de discorde qui catalyse les problèmes identitaires, demeure la pierre angulaire de l’Etat ; une masse de granite, dirait Napoléon Bonaparte.

Notre jeune Etat se débattant dans le marasme économique, en proie à l’insécurité -à laquelle contribuerait une immigration clandestine à travers les méandres d’une frontière incommensurable et poreuse- a besoin d’un Registre de Populations bien tenu.

Sommes – nous aptes et en droit de prendre des décisions qui engage notre avenir et notre devenir ? Sauf le respect de nos citoyens, l’enrôlement doit continuer résolument. Dans les règles de l’art et de la prudence. Il ne faut jamais irriter la panthère identitaire !!!.

Dans le feu de la surenchère, certains ont crié «Touche pas à ma nationalité ! ». Quel Mauritanien peut-il se permettre de toucher au statut de l’autre ? En fait, ce slogan en cacherait un autre : il s’agirait plutôt de dire « Touche pas à mon candidat à l’immigration » Celle-ci n’est pas elle même interdite et ne saurait l’être. Mais il y a des règles qu’il faut respecter et des conditions à remplir. N’oublions pas que, pendant une décennie, ce fut le règne de la carte d’identité jaune dont on pouvait tirer des exemplaires à tour de bras chez l’imprimeur du coin. La France regorge d’immigrés, venus de tous les pays, brandissant ce parchemin jaune comme gage de leur (soi-disant) mauritanité. L’immunité patriotique

On ne doit pas chasser un humain, après qu’il eût prouvé pendant un bail son engagement pour l’édification d’un Etat et pour la naissance d’une nation. Le patriotisme ne se calcule pas suivant l’ordre d’arrivée dans un territoire. Non plus à l’aune des postes occupés au sommet de l’Etat

Au cas contraire, les Oulad Bousba’ sera la première tribu du pays, ayant donné à la Mauritanie deux chefs d’Etat. Le patriotisme se calculera mieux au volume de sang versé pour la nation. Alors, des tribus à vocation pacifique tiendront, fatalement, les dernières loges du palmarès- bien qu’arrivées très tôt… Toute cette critériologie serait vaine.

On rentre dans un pays comme on rentre en religion. La profession de foi serait, par exemple : « je veux vivre en Mauritanie ; j’aurais les droits et les devoirs dus à un citoyen ; l’intérêt du pays passe avant tout et ne se confondra jamais avec celui d’un autre ». Et on passe aux formalités d’usage…. Fini, les petits soupçons !

Ceux qui ont bonne mémoire, se rappelle que Sow Amadou dit Chaperon et janvier Fabomi, un douanier d’origine béninoise, furent les fondateurs de notre Onze national. Je détiens une photo ou Chaperon pose, en 1964, à Nouakchott, avec mes deux grands frères alors enfants, tenant la coupe nationale de Foot- Ball. Aurait-il fallu attendre 1989, pour se rendre compte que Sow Amadou était d’origine sénégalaise ? Expulsé manu militari, il va abandonner l’imprimerie qu’il tenait pour les P .T.T …. C’est quoi ça ? Avec le ‘’Tesfir’’ (l’expulsion) de Chaperon, j’avais perdu l’affection et l’attention quasi -paternelle de celui qui nous achetait, à volonté, Miki, Rodéo, Mustang, Zembla, Akim ; tant de BD qui meublaient notre petit univers puéril.

Qui pourrait aujourd’hui mettre en cause la Mauritanité de Raymond Najjar d’origine libanaise ? Docteur de son Etat, il n’a cesse de porter aux nues que sa mère, Emilie, qui fut secrétaire à la Justice, avait réalisé la traduction en Arabe de la première constitution de notre République naissante. L’amour et l’attachement réels à un pays attribuent, à mon sens, une ‘’immunité patriotique’’.

Le nouveau concept de la nationalité

Si quelqu’un requiert la nationalité et se naturalise, il devient citoyen à part entière ; l’expulser relève d’une gageure et est une forte tentative d’entorse aux droits de l’Homme ; lui rappeler d’où il est venu est une vanité. D’habitude peu enclin à la généalogie, AJA, s’est adonné à « l’archéologie » d’un marathon virtuel épandu sur un vaste territoire et étendu du sur quelques siècles.

Si le critère de la nationalité était lié à la date d’arrivée, Barack Hussein Obama, serait le ‘’dernier ‘’ des citoyens américains, et Nicholas Sarkozy de Nagy Boksa, le ‘’dernier ‘’ des citoyens français. Or, s’ils ont été élus à la tête de deux des pays les plus puissants de la planète, c’est qu’ils ont prouvé leur américanité ou leur francité, plus que d’autres dont les ascendants n’ont jamais quitté le sol américain ou français. Georges Washington et Barack Obama, quelle différence pour l’Amérique ?

Nous ne saurons pousser la xénophobie à léser nos concitoyens. L’apport positif de l’immigration et du métissage biologique et culturel des peuples n’est plus à démontrer. La civilisation arabo-musulmane fut le mieux fécondée par les prosélytes musulmans non arabes. Al Bukhari , Sibeouihi, Ibnu Jinnine, Al Farabi, Ibn Sinna, régnèrent en maitre sur l’exégèse ,la littérature arabe, la philosophie, la musique et la médicine. Bref, pour ne pas tomber dans les travers de l’’anthropologie culturelle après ceux de l’histoire.

En voulant consoler ceux qui ont été dérangés, peut être par inadvertance, AJA a dû interloquer tout le monde ; y compris ses proches. Faisant preuve d’argutie dans son argumentation par trop fastidieuse, il a remis en cause la Mauritanité de beaucoup de bonnes familles. A leur grand dam. Généraliser, une bévue, une insulte ou un lapsus ne consolerait pas celui qui en est déjà choqué. Disons qu’AJA a donné libre cours à sa passion pour une plume trempée dans le vitriol, tout en se plantant avec enthousiasme à plusieurs endroits.

Pour sa gouverne …

Il gagnerait à revoir ses références. Mohamed b.Moktar b. Mohamed Saïd dit Mohamed Al yedaly, un grand érudit Tochomcha , ne traite pas d’histoire dans Chiyam Zawaya. Son opuscule de 6 feuillets (soit douze pages), Les caractères des Zawaya, est un exposé de l’organisation sociale idéale et l’orthodoxie religieuse des Tochomcha. C’est le rappel des Karama et des pouvoirs cabalistiques des marabouts, censés faire le contrepoids à l’hégémonie armée des guerriers.

Cette phrase assez insultante «… Sont venus en Mauritanie au début du XVII° des vagues successives d’Arabes…soit pour piller, leur objectif étant les communautés les plus faibles … » ne se passe pas de commentaire, tel que le voudrait AJA. Elle est tout simplement apocryphe, d’autant plus qu’elle ne correspond pas aux caractères des guerriers. S’attaquer aux faibles était répréhensible au vu des coutumes et de la morale des guerriers ; c’est le vilain paradigme de « T’hentit », diffèrent des guerres symétriques opposant deux entités « porteuses d’armes ».

Le contexte antérieur au XVII° est marqué par la recherche de l’espace vital et des bons pâturages. Tout le monde, y compris les zawaya, ont fait usage de la force militaire, un atavisme probablement dû aux Almoravides, lorsque ceux-là pouvaient chasser, au XI siècle, les souverains de Grenade, de Malaga et de Séville, sans oublier de croiser le fer avec Rodrigue de Bivar, qui leur ravît Vallence.

Mais avec la domination définitive des Beni Hassan- venus à partir du XV° et non du « XVII° siècle »- et l’instauration des Emirats, un nouvel ordre, marqué par la justice, a vu la jour. En effet, tous les Emirats et toutes les tribus indépendantes se sont doté d’un pouvoir judiciaire assuré par des cadis et des jurisconsultes, bien sûr de souche maraboutique, chargés de dire la loi de Dieu, sans interférence des guerriers. Tout chef de guerre avait son ‘’démiurge ‘’ qu’il consultait.

Le Sultan Khattry Ould Amar Ould Ely des Oulad M’barek de se rendre chez Cheikh Brahim des Tenouajiw pour se protéger de sa baraka contre son rival de frère Henoune . AJA, un allié traditionnel des Oulad Mbarek, a plus qu’un autre entendu le poème laudatif Marhabti bissultan dédié à Khattry, par Derdelli Oud Sid’Ahmed Oud Aoulil, où il lui rappelle que son campement émiral est le refuge des tenants du Coran, et du livre du très grand exégète Cheikh Khalil ( Marhabt Ehel Al ghurân, Marhabt Ahl Khlil).

Dans l’Emirat de Yahya Min Ethmane, la Paix de l’Emir Ahmed Ould M’hammed (Avit Ahmed Oud M’hamemed, se passe véritablement de commentaire. A moins de vouloir se délecter de la poésie de Mohamed Al Moubarak Oud Yamine.

Au Trarza, c’est Mohamed Al Yedaly qui relate dans ses textes la protection des tribus maraboutiques de l’Iguidi par Ahmed Ben Demane contre les razzia de Sidi Brahim La’russi, un chérif puissant venu du Nord. Ahmed, tenant à détourner la puissance de La’russi lui conseilla d’orienter en priorité sa force vers les Lekteïbat. Ce fut le stratagème « Commençons par l’autruche, nous nous en prendrons ensuite à ses œufs », et la bataille de Titam (1040/1630), à l’issue de laquelle La’russi n’a plus eu de quoi assujettir les zawaya trarza.

Enfin, il faudrait faire remarquer à AJA que Tachidbit est bien une grande tribu, mais elle n’est pas citée comme un des grands ensembles ancêtres des Sanhaja . Et que dans la page 331 du livre de Desirée Vuillemin,ed. Khartalla, 1997, il n’est point question de l’immigration du Souss de tribus sanhaja. Un quart de cette page, au trois quarts vierge, traite d’autres choses, et il n y a pas de « pages suiv.» ; du moins, il suit une page vierge avant un grand chapitre intitulé les « Français au Sénégal du XVII° au milieu du XIX. Soyons pointilleux dans nos ‘’recherches !’

Brahim Ould Bakar Ould Sneïba

SOURCE: LE DIVAN

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Nouadhibou / Enrôlement: le représentant de l’AJD/MR ‘rejeté’

Thiame Ousmane, coordinateur régional de l’AJD/MR à Nouadhibou, a confirmé par téléphone à Alakhabar que « la commission d’enrôlement de Nouadhibou l’a, pour le moment rejeté, parce que l’un de ses parents, en l’occurrence sa mère est née à l’étranger (au Sénégal) ».

Aussitôt, Thiam Ousmane dit avoir « demandé avec insistance à la commission d’enrôlement des explications« . Et celle-ci lui aurait répondu, dit-il, qu’elle a reçu « des instructions de ne pas enrôler pour le moment quelqu’un dont l’un des parents est né à l’étranger« . La commission aurait toutefois demandé à Thiam Ousmane de » revenir dans deux mois« .

Cependant, Thiam Ousmane qui dit n’être « pas satisfait de la réponse de la commission décide de suivre les voies est moyens légaux pour prévaloir ses droits de citoyenneté« .

Source: Al Akhbar

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Manifestation le 06 Aout 2011 à Paris contre le recensement

Grand hommage aux femmes mauritaniennes de Paris. 

Pour dire non au recensement sordide visant à exclure les populations noires et quelques tribus du nord de la Mauritanie, tous les mauritaniens de Paris se sont donnés rendez-vous à la place Trocadero ce samedi 06 Aout 2011.

Cette journée a été l’occasion pour les Mauritaniens de Paris de dire non à la politique cautionnée par Aziz , de dire non au système raciste qui sévit en Mauritanie mais aussi de dire non à son discours tenu dans la nuit du 06 Aout 2011.

Des passeports mauritaniens ont été brandis pour répondre à la provocation de Aziz, qui qualifiait ces vaillants patriotes d’être des français.

Cette manifestation a, en outre été marquée par l’afflux massive des femmes mauritaniennes qui sont venues encore une fois de plus, montrer leurs combativités, leurs déterminations à faire face à ce système raciste.

En outre, Cet élan de lutte ne s’arrêtera tant que Aziz et son système s’entêteront à exécuter leur projet inique de dé-négrification de la Mauritanie.

Voici un extrait sur les temps fort de cette manifestation :

Partie 1 : http://youtu.be/uguXZobrSwk
Partie 2 : http://youtu.be/FC660MH5H24

Voici un lien où vous pouvez télécharger la vidéo de la manifestation : http://dl.free.fr/fNsG51p1c (mot de passe: Mauritanie).

S.NIANG

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Les Négro-Mauritaniens se mobilisent contre un recensement ‘discriminatoire’

ls étaient plusieurs centaines à Paris, samedi, pour manifester leur colère contre le recensement en Mauritanie. S’ils n’en contestent pas le principe, ils jugent qu’il pourrait servir à exclure une partie des Négro-Mauritaniens de la nationalité mauritanienne.

« Non aux enrôlements racistes en Mauritanie ! » lance avec vigueur un manifestant au micro, tandis qu’une jeune fille frappe en rythme sur un bidon rouge. Le drapeau vert et jaune de la Mauritanie flottait au dessus de la place du Trocadéro, ce 6 août à Paris.

Des centaines de Noirs mauritaniens – 1300 selon l’organisation -, se sont rassemblés afin de manifester contre les conditions de recensement de la population dans le pays, qu’ils jugent discriminatoires envers eux.

Officiellement, le recensement doit permettre de doter le pays d’un fichier d’état-civil fiable basé sur la biométrie, en diffusant de nouvelles pièces d’identité. « Si le but de l’opération est en soit louable, les conditions d’application sont très chaotiques, assure Haimout Ba, représentant de l’UFP (Union des Forces de Progrès, parti d’opposition), à Paris. On leur demande les papiers d’identité des parents, puis des grands-parents et enfin s’ils connaissent tel ou tel personne d’origine arabe. On les questionne même sur la géographie du pays ! »

Alors que l’opération dure depuis le mois de mai, des manifestations hebdomadaires ont également lieu devant les centres de recensement de Nouakchott, la capitale. À Paris, le rassemblement précédent du 24 juillet avait rassemblé plus de 600 personnes. « La procédure du gouvernement mauritanien est tout à fait équivoque, soutient Sidi Tidiane Gueye, président de la FETAF (Fédération africaine des travailleurs d’Afrique en France). Tous les citoyens du monde doivent dénoncer cette épuration ethnique », accuse-t-il.


Recensement ciblé

Sous une fine pluie, le cortège rejoint à 17 heures l’ambassade de la Mauritanie, dans le 16e arrondissement de la capitale française. « On nous dit que l’on recense pour le moment que des gens nés avant 1945 et sur le territoire mauritanien, précise Ibrahima Diallo, représentant des FLAM (Forces de libération africaines de Mauritanie) à Paris. Or, nous avons vu des gens nés en dehors du territoire mauritanien se faire recenser.

Mohamed Ould Abdelaziz, le président de la Mauritanie, est né au Sénégal, reprend-il. Mon père, né en 1930 au Mali, devrait alors pouvoir se faire recenser ! Des personnalités importantes telles que le Premier ministre des Finances de la Mauritanie, Ba Bocar Alpha, ne parviennent pas non plus à s’enregistrer. Il y a un grave problème », assure-t-il.

Les revendications des manifestants, énoncées dans une « déclaration sur le recensement à vocation d’état civil », lue au micro par Haimout Ba devant l’ambassade, sont claires. Ils demandent l’arrêt des opérations de recensement, la concertation nationale sur ce dossier et l’adoption d’un système de recensement neutre et représentatif d’un état-civil fiable dans un cadre juridique concerté.

Le 5 août, le chef de l’État Mohamed Ould Abdelaziz est intervenu en direct à la télévision mauritanienne, assurant que « personne n’est exclu » du recensement. Il est revenu sur une autre question brûlante, celle de la double-nationalité : « Un mauritanien qui se retrouve en France et qui prend la nationalité française n’est plus mauritanien tant qu’il n’a pas demandé à garder sa nationalité mauritanienne. »


Loi sur la double nationalité

De fait, la loi du 12 juin 1961, qui excluait la double-nationalité, a été modifiée en 2010. Elle prévoit désormais qu’un Mauritanien qui a acquis une autre nationalité peut demander à conserver sa nationalité d’origine. « C’est une loi de circonstances puisque ce droit est offert par décret du chef de l’État », précise Haimout Ba. Un Franco-Mauritanien, habitant en banlieue parisienne, explique alors son parcours du combattant pour retourner en Mauritanie. « Je dois obtenir un visa comme si ma nationalité avait été bannie, lance-t-il avec colère. Je suis clandestin dans mon propre pays. »

La veille, dès 10 heures, des jeunes avaient occupé l’ambassade de Mauritanie à Paris, de laquelle ils ont été délogés 3 heures plus tard. « Je vis en France mais je suis Mauritanien, contrairement à ce que dit le chef de l’État », explique l’un d’entre eux en présentant son passeport.

Ce jeune ingénieur venu passer des entretiens d’embauche à Paris, a même été retenu dans un fourgon de la police, peu après avoir quitté les lieux. « Il n’y a eu aucune casse, nous recherchions avant tout le coup médiatique, explique-t-il. Peu importe les obstacles, nous continuerons à faire entendre notre voix. »

Source: Jeune Afrique

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Les vraies raisons de toutes les susceptibilités autour de l’enrôlement décidé par l’administration d’un Etat souverain!

Mauritaniens de toutes les régions et de tous les milieux sociaux, nous sommes obligés d’admettre qu’il y a un trafic flagrant et inadmissible de notre état civil et ceci n’est pas le monopole de notre frange négro-africaine même si le phénomène est beaucoup plus criant sur nos frontières Sud et Sud-est du fait d’une situation socio-économique dégradée dans les pays frontaliers de cette zone.

Il faut que nous apprenions à nous parler dans un langage de vérité en faisant fi de considérations chargées de susceptibilités et de haine de l’autre.

En tout état de cause, moi j’ai décidé, quoi que cela puisse me coûter en injures et crachats, de parler le langage de la vérité toute crue parce que cela a tellement manqué à notre société qu’on en est arrivé à suspecter de forcément mal intentionné tout ce qui nous parvient de l’autre, c’est tout simplement inadmissible et invivable à la longue.

Avant d’aller plus loin dans mon modeste exposé, je tiens à apporter une précision d’importance ; je suis issu d’un métissage maure et négro-africain et mes deux communautés me sont tout aussi chères l’une que l’autre. Attention, je ne me sens pour autant aucune obligation de jouer par hypocrisie à l’équilibriste pour ménager les susceptibilités de ceux-ci ou de ceux-là.

Je disais plus haut que nul n’ignore le trafic tout aussi honteux que dangereux dont sont objet nos documents d’état civil et d’identité. Pour la petite anecdote, j’ai assisté dans un aéroport européen à une scène que je vous livre crue : un individu était arrêté par la police aéroportuaire d’un pays européen, comme il portait un passeport mauritanien, le policier qui semblait avoir des difficultés de communication avec lui, demanda s’il y avait un mauritanien dans la file, je me présentai pour aider à l’interprétariat après avoir repris mon propre passeport. Je me suis de suite adressé à lui en hassaniya, il ne semblait rien y comprendre, puis en poular, en ouolof, en soninké et même en bambara mon interlocuteur ne me comprenait toujours pas.

Je priai le policier de me laisser jeter un coup d’œil sur le passeport de mon « compatriote » : il s’appelait Ibrahima Diop né en 1972 à Nouakchott je le dévisageai, il était noir, trapu et de morphotype probablement Bantou.

J’ai rendu le passeport au policier et au moment de partir un autre individu en civil celui-là et qui semblait observer la scène avec beaucoup d’intérêt me demanda de l’accompagner dans le box d’à côté. Il me dit en souriant :

– pensez-vous franchement que ce monsieur est un compatriote à vous ?

Je lui fis comprendre que jamais de ma vie je n’ai rencontré un mauritanien qui ne parlait strictement aucune des langues dont j’ai usé, il sourit et me pria de partir en me remerciant.

J’ignore à ce jour le nombre de documents d’état civil mauritaniens volés circulant dans le monde mais je sais que c’est important. J’ai le plus grand respect pour les étrangers vivant chez nous, nous leur devons respect et hospitalité mais il n’est pas question d’être complice du vol de nos documents nationaux.

Tout mauritanien qui s’indigne que l’état s’atèle enfin à mettre de l’ordre dans notre état civil est complice d’une situation porteuse de grands dangers pour nous, il faut se le dire sans hypocrisie ; à ce rythme, si ce n’est déjà fait, le nombre de faux mauritaniens risque très vite de dépasser celui des mauritaniens authentiques.

S’il n’est pas mis fin à cette pagaille, sous peu, par la voie la plus démocratique, par la force du nombre, nous nous retrouverons avec un de ces mauritaniens fictifs comme président de la république et là, bonjour les dégâts !

Il y a dans le monde, en Afrique voire pas bien loin de nous des nations qui ont connu ce triste sort et nous prions pour que Dieu nous préserve d’une telle situation.

Je ne pense pas que ce soit cela que souhaitent nos compatriotes du sud et du sud-est. Si par malheur une telle situation se produisait chez nous, nous y serions tous perdants, maures comme négro-africains.

Il y a comme une odeur nauséabonde d’entente tacite venant d’ailleurs qui plane au-dessus de nos têtes visant à nous noyer sous la déferlante de l’immigration. La Mauritanie, hier contrée perdue que d’aucuns n’ont jamais cru pouvoir devenir un jour une nation viable dérange beaucoup, ces esprits mettent du temps à intégrer la réalité désormais incontournable, la Mauritanie, et ceci je le dis en toute modestie est aujourd’hui un pays dont tous les indicateurs de développement s’affichent très prometteurs.

Bienvenue aux sénégalais, aux maliens, aux sahraouis, aux touaregs de l’Azaouad vous êtes nos hôtes et nos frères mais pour que nous continuions à rester des amis et des frères, vivez en Mauritanie avec votre état civil d’origine et laissez nous le notre.

Les lois qui régissent l’immigration en Mauritanie sont claires et généreuses inscrivez-vous dans la légalité et vivez en terre de Mauritanie comme chez vous.

Ni vous et encore moins nos compatriotes de mêmes ethnies que vous ne devez vous offusquer que nous vous retirions nos documents s’il est prouvé qu’ils sont acquis frauduleusement avec la complicité de certains de nos fonctionnaires.

En contrepartie de l’attachement que vous portez pour nous et pour notre pays, les conditions administratives souples et généreuses vous permettent dorénavant d’y vivre en paix parmi nous et de travailler sans tracasseries. Il me revient en mémoire un autre exemple ; J’avais employé deux domestiques à domicile, un bissau-guinéen et une sénégalaise après une absence de quelques années du pays, à mon retour ils sont revenus me proposer leurs services mais cette fois en tant que mauritaniens avec des papiers comme vous et moi. Ca parle de soit, pas besoin de commentaire je crois.

Reconnaissez avec moi qu’aucun pays au monde n’accepterait cet état de fait et que devant une telle situation, bien des nations auraient réagi avec violence.

Nous sommes une nation de paix et l’hospitalité fait partie de nos plus grandes valeurs mais que l’on nous reconnaisse au moins le droit de mettre de l’ordre dans nos affaires et cela ne doit pas être considéré comme une agression contre un pays ou une communauté.

Soyons sérieux, tout le tintamarre mensonger fait autour de l’opération d’enrôlement ne vise qu’à discréditer une opération somme toute naturelle et normale et à dénier à l’état sa vocation souveraine d’organiser et de réguler des flux migratoires devenus insupportables pour le pays.

Tous les pays du monde le font de manière cyclique sans que cela ne retiennent l’attention de quiconque et quand nous mauritaniens décidons de mettre de l’ordre dans notre état civil qui en a plus que besoin, l’on nous met au banc des accusés et nous prête des intentions malsaines avec comme seul objectif non avoué de couvrir des individus qui se sont attribué frauduleusement nos documents d’état civil.

Tout mauritanien que cette situation ne révolte pas ou qui trouve à redire sur cette décision souveraine de l’état porte en lui quelque chose de non dit, d’incompréhensible et de profondément antipatriotique.

L’enrôlement en cours est vital pour le pays, jamais nous n’accepterons qu’il ne soit pas mené à terme, il y va de la sécurité de nos enfants et de la pérennité de notre pays. Parlons d’autres choses qui peuvent être sujets à débat, pas de cela.

« Touche pas à ma nationalité » dites-vous, et je vous donne raison mais permettez que moi aussi vous rétorque : « touche pas à mon pays !!!!!!! » Jouons franc jeu, ou on est mauritanien et cela exige un comportement patriotique minimum, ou alors on ne l’est pas et dans quel cas l’on n’est pas partie prenante au débat.

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Enrôlement des populations : ‘ Personne n’est exclu ‘, rassure Mohamed Ould Abdel Aziz

Le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz a assuré vendredi soir, lors d’un débat télévisé transmis en direct sur la Télévision de Mauritanie, que personne n’est exclu de l’enrôlement et que ceux qui sont en train de décrier son projet qui a coûté plus de 18 millions d’euros ne sont que des oiseaux de mauvais augure.

« Ce que nous sommes en train de faire, c’est un état civil fiable et nous ne sommes pas entrain de faire un recensement. Nous devons faire la part des choses. Il y’a une différence entre recenser les populations de Mauritanie et faire un état civil fiable qui va s’installer dans la durée« , a précisé Mohamed Ould Abdel Aziz.

« Tous les mauritaniens seront enrôlés mais nous ne voulons pas revenir en arrière et refaire les mêmes erreurs du passé« , a-t-il dit. « Personne n’est exclu« , assure Mohamed Ould Abdel Aziz pour battre en brèche l’idée selon laquelle les négro-mauritaniens seraient écartés de l’enrôlement.

« On a recensé plus de mauritaniens dans le Gorgol et le Brakna qu’à Nema, Atar, Nouadhibou. Les données sont là. Nous avons par exemple à Kaédi plus de 4000 inscrits alors qu’à Nema, nous avons plus de 2000 inscrits. Pourtant, Nema est plus peuplé que le Gorgol. Au Brakna, nous avons enregistré quelque chose comme 3000 ou 4000 inscrits alors que dans les autres régions, on est à 2000, 1500, 1100« , explique le Président de la République.

Mohamed Ould Abdel Abdel Aziz s’est voulu rassurant à propos de l’enrôlement des populations. « Ce n’est pas de la discrimination. Mais, certains le souhaiteraient bien. Nous avons malheureusement des gens, des partis politiques qui sont toujours à la recherche de problèmes. A chaque fois que l’on veut faire quelque chose de bien pour le pays ou que l’on est sensé le faire, on le retourne et on ne voit que le côté parfois infime pour le faire sortir et le mettre en exergue« , a-t-il déclaré.

A en croire Mohamed Ould Abdel Aziz, cet enrôlement des populations permettra à la Mauritanie de se doter d’un Etat civil fiable « qui ne souffrira pas de mauvaises manipulations« . « Nous avons arrêté plusieurs personnes qui ne faisaient que trafiquer des actes de naissance signés et cachetés par quelques maires ou officiers d’Etat civil« , ajoute-t-il.

« Qu’on soit très clair »

A propos de la nationalité, Mohamed Ould Abdel Aziz s’est voulu être très clair. « On ne peut pas avoir une autre nationalité et être en même temps mauritanien. Non, ce n’est pas possible« , a-t-il dit en réaction aux manifestants mauritaniens vivant en France.

« Mais, il faudrait qu’on change peut-être la loi. Si, un jour, les mauritaniens voudraient avoir une, deux, trois, quatre, cinq ou vingt nationalités, ils n’ont qu’à faire promulguer une loi qui le permet. Avant, tout mauritanien qui parvenait à avoir une autre nationalité, perdait automatiquement sa nationalité. Je l’ai améliorée un peu en disant : un mauritanien qui a une autre nationalité peut demander à garder sa nationalité mauritanienne. Ce n’est qu’une possibilité« , précise Mohamed Ould Abdel Aziz.

Il ajoute : « On n’a pas dit que nous n’allons pas recenser tous les mauritaniens qui sont en France. Mais, faudrait-il qu’ils soient mauritaniens. Un mauritanien qui se retrouve en France et qui prend la nationalité française n’est plus un mauritanien tant qu’il n’a pas demandé à garder sa nationalité. C’est pourquoi nous avons demandé aux mauritaniens qui sont à l’extérieur de nous présenter leur carte de séjour s’ils veulent se faire enrôler« .

Le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz s’est dit ne pas comprendre « toute cette campagne d’intoxication que les gens sont en train de faire« . Selon lui, elle n’a pas raison. Dans la foulée, Mohamed Ould Abdel Aziz a annoncé que les étrangers vivant en Mauritanie seront aussi recensés.

Babacar Baye Ndiaye
Pour Cridem

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Le Recensement est-il politique ou racial ?

Le recensement de la population doit être à vocation sociale, économique et démographique. « Ne prenez pas le pays en otage », j’adresse ce message au Président de la République, à son gouvernement et plus particulièrement à la commission nationale chargée de l’enrôlement.

Vous serez responsables demain d’une crise politique, économique et sociale du pays, je vous mets en garde et vous rappelle qu’un pays qui n’a pas effectué un recensement démographique correct, est un pays qui sera voué à l’extrême pauvreté car les données démographiques permettent aux professionnels de mieux évaluer et de connaître les besoins du pays.

À quoi sert le recensement ?

Le recensement permet de connaître le nombre de personnes résidantes en Mauritanie et à l’étranger. Il fournit des statistiques finement localisées sur le nombre d’habitants et sur leurs caractéristiques : âge, profession exercée, conditions de logement, déplacements quotidiens, etc. Il apporte également des informations sur les conditions de vie de la population.

Le recensement est une photographie régulière du pays qui reflète fidèlement les réalités. Il permet de mesurer les évolutions démographiques, les mutations de la société et facilite ainsi la mise en œuvre des politiques prospectives. Il permet d’établir le nombre de personnes légales et illégales dans chaque circonscription administrative, ce qui donnera une référence sur la modalité des élections municipales et la répartition de la dotation globale du fonctionnement communal.

Le recensement est une opération publique, nationale, non raciale et ethnique, il est destiné à améliorer les conditions de vie, au niveau économique et social de toute la population Mauritanienne.

A quoi servent les résultats ?

Ce n’est pas uniquement d’avoir une carte d’identité biométrique, de lutter contre le terrorisme et l’immigration clandestine. Ils aident à prendre des décisions publiques en matière d’équipements collectifs pour les écoles, les hôpitaux, les routes, les adductions d’eaux etc. En plus, ils permettent aux associations et aux organisations humanitaires de mieux répondre aux besoins de la population.

On ne peut jamais lutter contre la pauvreté en Mauritanie sans en avoir des données démographiques fiables. Je demande au Président et à la commission nationale chargée de l’enrôlement de revoir les critères et les modalités de recensement dans l’intérêt de tous.

N’Diaye Oumar
Démographe
Bruxelles, Belgique

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Occupation de l’ambassade de Mauritanie à Paris

Des manifestants opposés aux conditions du déroulement de l’enrôlement des populations en Mauritanie ont occupé l’ambassde de leur pays à Paris ce vendredi. C’est vers 11heures (09h GMT) qu’une vingtaine de jeunes ont investi l’enceinte de l’ambassade pour occuper les lieux.

A la demande des autorités mauritaniennes, la police française est intervenue vers 13h (11h GMT) pour évacuer l’ambassade. Quelques manifestants ont été retenus dans le fourgon de la police avant d’être libérés vers 13h30 heure française.

Une manifestation aura lieu demain à partir de 13h à Paris devant le Trocadero.

Il y a deux semaines, une marche organisée par un collectif opposé à l’enrôlement en Mauritanie avait rassemblé plusieurs centaines de manifestants et avait provoqué des dégradations mineures sur la façade de l’ambassade.

Photo Kassataya.

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Ce que je pense

Le recensement est en cours en Mauritanie suscite espoirs et controverses. Chaque groupe ethnique craignant d’être lèse soit par les méthodes employées. Elle comme d’autres ne faisaient alors que nommer ce  » innommable  » qui les gagnait au quotidien. Personne ne sait quand une société bascule du discours identitaire à la barbarie.

Au Rwanda, le conflit hutu/tutsi a fini par un génocide. En ex-Yougoslavie, les Serbes et les Croates ont connu la tragédie de la purification ethnique. Les mots aboutissent parfois au bain de sang. On sait comment ça commence. On ne sait jamais jusqu’où ça peut aller. Ce qui autorise certains à vite pointer les dérives possibles, dès lors qu’un conflit identitaire prend des proportions inattendues.

Avec près de 15 % de sa population considérée comme étrangère, la Mauritanie a vu se multiplier les dérives identitaires sur son sol dès 1989. Sous prétexte de mieux gérer les grands équilibres nationaux, certains hommes politiques, dont Mohamed ould Aziz glisse tout doucement mais surement vers cette notion absurde Mauritanité qui mis à terre des pays dont le plus récent est la cote d’ivoire.

Avec un équilibre fragile (la discrimination et l’exclusion), la nouvelle politique d’enrôlement prôné par le président ajoute le concept de Mauritanité qui ne dit pas son nom alors que ses derniers ont largement participé à son élection.

Aujourd’hui pour être Mauritanien, il faut porter un nom courant hors nous savons tous que la Mauritanie a été construit durant des années des étrangers depuis notre accession à l’indépendance. Juste pour rappel notre ancien président Ould haidallah est sahraoui d’origine. Si on veut remettre en cause la nationalité des tous ses Mauritaniens dans ce cas le pays se videra qui na pas d’origine chacun de nous à un moment où un autre vient de quelque part.

La Mauritanité est une théorie dangereuse, car elle renferme la haine alors que nous avons besoin de colmater les fissures des toutes années de terreurs véhiculés par certain de nos politiques qui n’œuvrent que pour leur intérêt personnels sans se soucier du bien du peuple.

Les peuples forts sont des peuples qui ont la capacité d’absorber toutes les cultures. La Mauritanie se construira avec tous ses fils et ses fils sont tous ceux qui aiment ce pays. Ou sont nos intellectuels ? Je ne comprends leurs silences

Le recensement est une nécessité, mais il est mal réfléchi. En plus le débat organisé a suscité plus de crainte qu’autre chose. J’espère que le gouvernement va rectifier le tir et peut à toute personne qui à des documents prouvant qu’il est mauritanien de se faire recenser.

Ousmane Samba

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Mauritanie : Le temps des moissons

Il y a Mauritanien et mauritanien! Le recensement en cours est là pour l’illustrer. Et pour ceux qui ne l’avaient pas compris, le moment est peut-être venu d’ouvrir les yeux sur ce qu’est vraiment ce pays qui, depuis des décennies, refuse de se voir tel qu’il est et manque du courage indispensable pour se regarder dans le miroir des réalités.

Que de temps perdu à fuir la vérité ! Que d’espoirs brisés sur le mur des illusions! Ce qui se passe en Mauritanie ne doit surprendre personne. A moins de s’entêter à jouer le rôle du surpris, de celui qui n’a rien vu venir afin d’épurer sa conscience de toute responsabilité.

Ce que nous voyons aujourd’hui est le prolongement d’une volonté née il y a une cinquantaine d’années. Et si nous n’y prenons garde, l’avenir du pays ne peut être qu’un avenir en lambeaux. Cette volonté est personnifiée, elle a un nom: Moktar Ould Daddah.

Le premier président est celui qui est à l’origine des éléments du désastre. C’est lui qui, dans les années soixante, proclamait que «  l’arabe est notre langue« , effaçant par là les autres spécificités du pays dans l’unique but de faire reconnaître les Beydanes comme représentant la majorité sociologique.

Faire de la Mauritanie un pays arabe, un pays dans lequel le Noir ne peut être que l’ombre de l’autre, l’ éternel personnage en quête de preuves pour l’affirmation de sa nationalité qui, à chaque temps politique, malgré les coups d’état et les révolutions de palais, est toujours soupçonnée !

Cette volonté n’a pas disparu avec l’éviction de Moktar Ould Daddah du pouvoir. Elle ne peut disparaître de sitôt puisqu’elle est perçue comme un héritage! Elle ouvre une voie dans laquelle les héritiers s’engouffrent, non pas tête baissée comme on peut parfois le penser, mais de manière calculée et avec une régularité de métronome. Mais les héritiers, impatients puisque dépourvus de l’intelligence machiavélique de leur Maître, ont expérimenté la volonté dans le sang en cette maudite année1989. Il fallait bien donner une traduction à la volonté dans les faits.

Pour cela, ils se sont réunis dans le secret, ont décidé des grands axes et fixé la date du début de l’épuration. Le drame des héritiers d’une volonté, c’est qu’ils s’engagent dans un concours de zèle.1989, c’est cette année où des femmes, des hommes et des enfants ont été tués du fait de leur race sans que les assassins, dans leur frénésie de « dénégrification« , se rendent compte que « rouge est le sang des Noirs » pour reprendre l’expression de l’écrivain Sud-africain, Peter Abrahams.

Mais 1989 est aussi un point de départ, il signe l’acte de naissance de la condescendance d’une grande partie de nos compatriotes maures ( Arabes) et marque le désastreux tournant psychologique dont le pays n’avait nullement besoin. A savoir que Ould Taya leur a mis en tête que ce pays est à eux, et à eux seuls. Qu’aucunement, ils ne peuvent être seconds. Avec des ramifications, certes difficiles à suivre,1989 trouve son aboutissement naturel en 2011. Nous trouverons le fil conducteur.

Ce qui, naguère, n’a pas été atteint par le meurtre le sera par une autre voie: la volonté de sacraliser le Mauritanien. De quoi s’agit-il ? Toujours d’une volonté. Mais celle-ci consiste à séparer le bon grain de l’ivraie. Cela s’appelle la  » démauritanisation de masse. »

Il faut trouver le Mauritanien, mais le vrai, le Mauritanien chimiquement pur. Celui qui ne souffre d’aucune tare, qui parle arabe, sait qui était Sidi Ahmed Ould Haïde, peut disserter sur son épopée et le glorifier. S’il ignore qui était Bou Diogoda Diabira, ce n’est pas grave. Après tout ce n’était qu’un petit chef de village soninké ! Sait-il que Sidi El Moktar N’Diaye avait été pressenti pour être le premier président du pays? Qu’il était le maire de Rosso dont le dévouement et la disponibilité se lisent encore dans les yeux nostalgiques des vieilles personnes ? Non. Ce n’est rien, après tout ce monsieur avait quand même du « sang noir » !

De quoi s’agit-il ? Encore de volonté ! La même qui, en désespoir de cause, prend un tour théâtral ridicule avec des oripeaux d’une autre époque! Il s’agit de « démauritaniser » des milliers et des milliers de femmes et d’hommes qui,au goût des héritiers,ne sont pas assez Mauritaniens! Que ne faudrait-il pas faire lorsque l’on court après la majorité sociologique? C’est simple:

– Une dernière fois, monsieur ! Vous persistez à dire que vous êtes Mauritanien ?

– Oui.

– A compter de ce jour, vous ne l’êtes plus!

– Et pourquoi ?

– Vous vous êtes  » démauritanisé » tout seul. Mais oui ! Vous n’avez jamais écouté Dimi, vous ne connaissez pas les paroles de ses chansons. Pire, vous ne parlez pas arabe, et ne savez même pas que la femme de tel maire s’appelle Khadijetou au lieu de Kardiatou! Donc vous comprendrez que je ne puisse pas vous recenser.
– Alors de quelle nationalité suis-je si le pays où sont nés mes ancêtres ne me reconnaît pas ?

– Ah ça, monsieur, c’est une autre histoire! Moi, en haut lieu, on m’a dit de faire ainsi.

– Mais vous ne m’avez posé que des questions orientées, c’est injuste. Vous ne m’avez demandé qui était N’Galanka?

– C’est qui celui-là ?

C’est à peu près à ce genre de dialogue,qui n’a rien de caricatural, que dépend l’identité de milliers et de milliers citoyens. Et pour tout dire, c’est lamentable!. « Démauritaniser » est une insulte aux ancêtres, mais c’est aussi tuer. C’est une entreprise risquée. Elle accrédite la réputation de la Mauritanie, pays raciste où il ne fait pas bien d’être Noir ! Nous pensions, peut-être naïvement, qu’avec le nouveau président, nous nous débarrasserions de ce sceau, assurés qu’une mauvaise réputation est pire qu’une mauvaise santé.

Cette réputation, il faut le dire, nous ne l’avons pas volée. Le plus dramatique, c’est que de l’indépendance à nos jours, s’est inscrit dans les esprits une lutte -même si cela gêne certains opposants tenant arabophones et francophones. Le grand paradoxe est que ceux qui veulent l’arabisation sont ceux qui envoient leurs enfants à l’école française.

Les enfants de Ould Taya y étaient pendant que leur président de père grommelait une langue arabe imprécise qui aurait cauchemardé le poète Ahmad Chawkhi. Les victimes de cette lutte sont les élèves du primaire, les collégiens, les lycéens et les étudiants. Il ne peut échapper à personne que nous avons le plus mauvais système éducatif d’Afrique. Nos étudiants n’ont aucun niveau. Ils sont sacrifiés au nom d’une conception particulière de la Mauritanie qui n’est pas la bonne.

Encore une fois, »démauritanier« , c’est faire courir un grand péril au pays, un péril dont il peut se passer. « Démauritaniser« ,c’est surtout prendre le risque de créer l’homme qui n’a rien à perdre. Car tout système, fut-il politique ou social, qui crée l’homme qui n’a rien à perdre est un système qui porte en lui les germes de sa déchéance, c’est un système sans avenir !

Imaginez à quoi pense l’homme qui n’a rien à perdre. Ce n’est certainement pas un homme heureux. Il a perdu la notion du bonheur depuis le jour où il lui a été qu’il n’est plus de cette terre où, depuis des siècles, les siens sont inhumés!

Sakho Mamadou
(Mamadou Boubou Sakho)

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Opération d’enrôlement des citoyens à Boghé : Erreurs, lenteurs, flou, absenteisme…

L’opération dite « enrôlement des citoyens » appelée encore recensement administratif lancée depuis Nouakchott par le président de la république, M. Mohamed O Abdel Aziz se déroule à Boghé depuis le 20 juin 2011 dans les locaux de l’ex- Maison du Livre (Dar El Kitab).

Plus d’un mois après le démarrage de cette « opération d’enrôlement » que les pouvoirs publics présentaient comme opération devant « révolutionner » notre état civil, des citoyens, des partis politiques et des ONG de défense des droits de l’homme dénoncent l’opacité dans laquelle elle se déroule. Les objectifs assignés à cette opération d’enrôlement par nos gouvernants étaient à la fois de doter la Mauritanie d’un état civil fiable et sécurisé, de corriger les erreurs du RANVEC de 1998.

Par rapport a ces objectifs, beaucoup de manquements ont été constaté au niveau de Boghé.

Joueîdé Yarg Mint Yarg

Joueîdé Yarg Mint Yarg est née en 1959 à Aleg. Sa copie intégrale porte le matricule national : 050101219590318. Sur sa carte nationale d’identité , il est mentionné qu’elle est née en 1952 à Aleg. Dans le nouvel extrait qui lui été délivré le 18/07/2011 par le CAC de Boghé et qui porte le numéro national d’identification : 2944433352, son âge a été augmenté de 7 ans.

Sa date de naissance est ainsi devenue : 31/12/1952. Son nom aussi a été tronqué. Elle devient Joueyria (dans le registre national des populations) au lieu de Joueîdé (son vrai nom). Alertée par son fils, un directeur d’école qui sert au Guidimakha et qui voulait allait se recenser sur la base de sa copie, elle se précipite au CAC pour attirer l’attention de Issa O Dahi qui ne trouve pas meilleur réponse que de banaliser les erreurs signalées par la dame.

Joueîdé tape du point sur la table et exige immédiatement que des corrections soient apportées sur sa nouvelle copie mais en vain. Ould Dahi lui demande d’aller sur Nouakchott pour corriger la copie mais elle refuse. « Je ne peux pas comprendre que je sois recensée ici dans votre centre et que c’est vous qui avez commis ces erreurs sur mon acte et ensuite vous me dites d’aller à Nouakchott pour les corriger » s’écrie la marchande. Joueîdé ne sait plus à quel saint se vouer.

Hamidou Moussa Barry

Hamidou Moussa Barry est un planton connu de tous à la mairie de Boghé. Dans sa copie intégrale obtenue après le RANVEC de 1998, il s’appelle Hamidou Moussa Barry avec la date de naissance 1958 et Boghé comme lieu de naissance. D’ailleurs sur la copie intégrale, une rectification est apportée à la machine dactylographique sur son nom « Moussa » qui ne figurait pas sur la copie intégrale.

Se présentant devant le CAC, Hamidou a été enrôlé suivant le NNI 4528511640 mais le nom de famille de sa mère qui correspond exactement à « Diallo » a été remplacé par Yekou qui n’existe nulle part dans les noms de famille de la communauté Peulh. En plus, le lieu de naissance de sa mère au lieu de Boghé devient Bogé (dans quel endroit du pays ?) dans le nouveau registre des populations. L’intéressé, Hamidou s’est présenté pour qu’on rectifie les erreurs figurant sur sa nouvelle copie mais, selon lui Issa lui a dit que ce n’est pas grave.

Peinda Bocar M’Baye

Le même cas s’est posé pour la nommée Peinda Bocar M’Baye, née en 1936 à Boghé. Ses parents sont nés tous à Boghé. Voir copie intégrale 050501219360139. La mère de Peinda, en l’occurrence Famatel Bâ, née le 31/12/1899 à Boghé a désormais un autre lieu de naissance, c’est Bocar. (voir NNI 5210814005 en date du 13/07/2011.)

Malick Djibril Lô

Un autre cas nous été signalé. Il s’agit de celui de Malick Djibril Lô. Si l’on se réfère à son RANVEC de 1998 et qui porte le numéro 0801213, l’intéressé est né 1943 à Touldé (commune de Boghé). Ses deux parents sont nés à Touldé et résident également dans la dite localité (Ranvec 1998). Bizarrement, dans le nouvel extrait qui lui été délivré par le CAC de Boghé, il est intégré dans la commune de Djellewar de la Moughata’a d’Aleg. Le nom de sa mère Habsa est écrit avec deux S. Sa réclamation auprès du CAC en vue d’une rectification des erreurs figurants sur son extrait est restée vaine comme les autres.

Et pourtant, pareilles erreurs avaient été signalées dans l’extrait de la mère d’un haut responsable de l’Etat, natif de Boghé mais il a suffit d’un simple coup de fil pour que la copie soit rectifiée de façon expresse.

Autres cas

Madame Hapsatou Mamadou Sy, née en 1952 à Thialgou, titulaire de la CNI N° 0105050100399463 a été rejetée le mercredi 27 juillet pour erreurs de transcription (Hamadi au lieu de Mamadou sur le Ranvec et sur la copie intégrale qui en est la résultante). La nommée Marième Demba Diallo née en 1964 à Boghé, CNI N° 0113050500307317, résidente dans le quartier de Nioly, s’était présentée le dimanche 17 Juillet devant le CAC munie de ses pièces d’état civil au complet.

Malgré tout, elle n’a pas pu se faire enregistrer parce qu’aucun membre de la fameuse commission d’identification n’a pu l’identifier. Elle n’a réussi à se faire enrôler qu’une semaine après (le dimanche 24 du même mois). Coumba Dado Ninag est une septuagénaire qui s’est recensée au CAC de Boghé depuis plusieurs semaines. Le CAC lui a délivré un récépissé portant le numéro : 0492606201114595300022.

Mais la vieille dame attend toujours d’entrer en possession de son nouvel extrait de naissance. Son fils, Mamadou Lawel se présente tous les jours devant le responsable du centre dans l’espoir d’obtenir sa copie mais en vain. Mamadou Lawel s’est désolé plusieurs fois d’entendre de la voix du responsable du CAC qu’il n’y a pas de réseau alors qu’on continue de produire des extraits pour d’autres citoyens.

Flou et lenteur

En outre le CAC de Boghé continue toujours d’entretenir le flou sur les pièces d’état civil requises du citoyen avant être enrôlé. La loi exige la présentation du Ranvec ou de la copie intégrale de l’acte de naissance en plus de CNI. Or dans certains cas, la commission exige les trois pièces. Ce qui constitue une obstruction de plus, si l’on sait que c’est sur la base du RANVEC de 1998 que la copie intégrale a été établi.

Sur un autre registre, les rejets pour erreurs de transcription de noms se poursuivent alors que l’une des missions principales de la présente opération d’enrôlement des citoyens est d’apporter les corrections nécessaires aux pièces d’état civil qui le requièrent.

A tout cela s’ajoute la lenteur des opérations d’enrôlement due en grande partie à l’irrégularité de certains membres de la commission d’identification dont les signatures sur les PV sont un préalable à la délivrance de l’extrait du registre des populations ; a titre d’exemple, l’enregistrement n’a débuté le dimanche 24 juillet qu’à 11H 30 portant ainsi un sérieux préjudice à de nombreux citoyens malades voire invalides. S’y ajoute les absences (parfois 4 jours par semaine) du responsable de l’agence à Boghé, Issa O Dahi.

Thièrno Souleymane
CP Quotidien de Nouakchott au Brakna

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Marième Kane, Présidente AFMAF (Association des Femmes Mauritaniennes du Fleuve: “Nous demandons l’arrêt immédiat de ce processus de recensement qui risque de perturber la paix sociale.”

En marge d’une marche organisée le dimanche 24 juillet, à l’initiative de quelques organisations non gouvernementales mauritaniennes actives en France pour protester contre l’opération de recensement des populations, Nouakchott Info a rencontré madame Marième Kane, présidente de l’Association des Femmes Mauritaniennes du Fleuve (AFMAF). Une femme qui n’a pas sa langue dans sa poche.

Et même si elle reconnaît et regrette que des « des jeunes déchainés voulaient en découdre avec l’Ambassade », n’empêche que Marième Kane sait raison garder: « Nous soutiendrons ces opérations à condition que les droits des noirs mauritaniens soient respectés. »

Nouakchott Info: Pourquoi la diaspora appelle-t-elle à arrêter l’opération de recensement au moment où le pays connait un retour des rapatriés du Sénégal et une véritable réconciliation nationale avec le règlement du passif humanitaire?

Marième Kane: Le retour des déportés était un moyen pour Aziz de reconquérir les populations négro mauritaniennes. Ces déportés vivent encore sous des bâches et ils n’ont même pas de latrines: Je suis allée à Thiambène l’année passé, les réfugiés que j’ai vu avaient leurs toilettes en plein air. Ils n’ont même pas de papiers d’état civil: on ne peut pas donc appeler cela un « retour dans la dignité des réfugiés ».

Concernant l’opération de recensement, nous trouvons que c’est une épuration ethnique pure et simple de la communauté négro mauritanienne. Nous avons de nombreux témoignages attestant que certains mauritaniens noirs étaient obligés d’aller chercher leurs parents s’ils sont vivants ou bien produire un certificat de décès alors que les maures ne sont pas soumis à ces exigences. C’est tout simplement une mascarade et nous ne comprenons pas pourquoi nos populations sont soumises à cet interrogatoire sectaire. Nous demandons l’arrêt immédiat de ce processus de recensement qui risque de perturber la paix sociale.

Je suis aussi inquiétée par le fait que les partis d’opposition ne parlent même de cette injustice, sauf l’UFP. A l’Assemblée nationale, seule la députée Kadiata Malick Diallo, a dénoncé cette injustice. Pourquoi les autres représentants du peuple ne se prononcent pas sur cette opération de recensement? De toutes les façons, nous à Paris, nous continuerons à manifester par n’importe quel moyen pour que ces opérations de recensement s’arrêtent. Concernant le règlement du passif humanitaire, on est loin du compte: Aziz l’utilise comme une arme pour être crédible au niveau de l’opinion nationale et internationale.

Un véritable règlement du passif commence par juger les coupables et non les laisser impunis: aujourd’hui, ils se promènent et ne sont pas inquiétés par quoi que se soit. Je trouve indécent que les victimes soient indemnisées avec des terrains et de l’argent sans que les coupables soient jugés. Je préfère que les coupables soient d’abord jugés avant de penser à des réparations. Il faut bien que les veuves fassent enfin leur deuil et qu’on leur rende les dépouilles de leurs maris.

N.I.: Vous êtes Présidente de l’Association des Femmes Mauritaniennes du Fleuve (AFMAF) et c’est à ce titre que vous manifestez. N’y a-t-il pas pour vous, plutôt un intérêt à soutenir cette opération de recensement?

M.K.: Nous soutiendrons ces opérations à condition que les droits des noirs mauritaniens soient respectés. Dans les conditions actuelles où elles se déroulent, nous ne pouvons pas en tant qu’organisation de droits de l’Homme cautionner cette mascarade. Il n’est pas juste que l’on dénie à des mauritaniens leur nationalité. Que ces opérations s’arrêtent tout de suite pour repartir sur des bases claires, justes et sans exclusion.

Déjà, depuis plus d’un mois nous nous réunissons régulièrement avec d’autres organisations pour mettre en place des stratégies de résistance à ces opérations de recensement. Hier samedi (23 juillet 2011, ndlr), nous avons organisé une grande conférence à la Bourse du travail de Paris qui a réuni beaucoup de mauritaniens pour les sensibiliser au problème et les mobiliser.

Le dimanche 24/07, nous avons manifesté du Trocadéro jusqu’à l’Ambassade de Mauritanie. On a vu des jeunes déchainés qui voulaient en découdre avec l’Ambassade. Ils ont été retenus par leurs aînés mais si ces opérations ne s’arrêtent pas, je ne pense pas que nous puissions les arrêter la prochaine fois et nous serons prêts à tout pour défendre nos droits et celui de nos enfants. Il y va de notre avenir.

Propos recueillis à Paris par Mohamed Ould Khattatt

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L’enrôlement et la question de la citoyenneté: lisons entre les lignes

La Mauritanie a entamé depuis le 11 février 2010, date d’entrée en vigueur de la loi 2010-023/PM portant abrogation et remplacement de certaines dispositions de son code de la nationalité, un cycle de réformes visant la refondation de son état civil.

Cette refondation maintes évoquée par les autorités publiques se traduit par la promulgation:

– le 06 juillet 2010 du décret n° 2010- 150/PM portant création, organisation et fonctionnement de l’Agence Nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS) ;

– le 12 janvier 2011 de la loi n° 2011-003/PM abrogeant et remplaçant la loi n°96.019 du 19 juin 1996 portant Code de l’Etat Civil;

– le 03 mai 2011 du décret n° 2011-110 /PM définissant le cadre juridique de l’enrôlement dans le Registre National des Populations ainsi que le même jour la signature de l’arrêté n° 937/MIDEC portant création, organisation et fonctionnement des instances départementales d’enrôlement.

La mise en place de ce cadre institutionnel et réglementaire a été suivie dès le 5 juin 2011 par le lancement officiel à Nouakchott de la campagne d’enrôlement massif défini comme étant «la procédure administrative visant la création d’un registre national des populations à travers un recensement de tous les citoyens et des étrangers résidents en Mauritanie »

1. Sur l’opportunité de l’enrôlement

L’opportunité d’un énième recensement après celui à vocation d’état civil (RANVEC) réalisé en 1998 à grands frais, laisse cependant sceptique plus d’un citoyen.

Il est pourtant juste d’observer que l’état civil issu du RANVEC n’a pas été un exemple de réussite , tant ses scories sont nombreuses et les erreurs sur les noms et les dates de naissance d’un grotesque innommable. Les données RANVEC auraient peut-être pu être corrigées, le coût et le désordre social générés par l’enrôlement circonscrits.

En définitive, les carences de RANVEC ont servi de justification à l’enrôlement via « les procédures de capture, de collecte et d’enregistrement des données biométriques et biographiques relatives à l’identification de l’individu »[1].

En cela, la Mauritanie n’innove pas: le principe de l’enrôlement ne souffre pas de contestation.

Alors d’où vient la colère des foules, des citoyens, des élus et nombre d’organisations de la société civile mauritanienne?

Il faudrait sans doute chercher du côté des modalités d’enrôlement et des conséquences réelles ou supposées qui nourrissent des craintes profondes.

2. Sur les modalités de l’enrôlement

a/ Récriminations sur l’environnement et le cadre juridique de l’enrôlement

Parmi les voix les plus autorisées et sans doute le témoin de première heure de la gestation de l’agence nationale du registre des populations et des titres sécurisés (ANRPTS), on doit citer M. Ladji TRAORE secrétaire du parti APP qui met en cause, entre autres griefs soulevés, la composition presque mono ethnique des membres de l’agence, la présence en son sein d’éléments des forces de sécurité et la nature opaque de ses travaux préparatoires[2].

En se focalisant sur les éléments factuels vérifiables, il semble que les deux premiers griefs ne sont pas sans fondement:

-Trois des cinq instances de l’Agence (le conseil d’administration, le comité de gestion et le comité technique de pilotage) sont quasi homogènes de par les noms qui les composent si ce n’est de par les fonctions de ses membres de droit[3].

– La présence des forces de sécurité dans le Conseil d’administration ( le chef d’état major national ou son représentant, le chef d’état major de la garde nationale ou son représentant , le chef d’état major de la gendarmerie nationale ou son représentant, le directeur de la sûreté nationale ou son représentant et le directeur du groupement général de la sécurité des routes ou son représentant), dans le Comité de gestion et dans les instances départementales d’enrôlement des populations- IDEP[4]- est aussi vérifiable et est sans doute symptomatique du déroulement biaisé du processus d’enrôlement.

b/ Récriminations sur les opérations proprement dites d’enrôlement

Les opérations d’enrôlement de l’ANRPTS sont décriées par beaucoup de citoyens choqués par les procédés utilisés qui ne semblent pas se limiter aux contrôles sur pièces et documents et à un entretien courtois.

Outre les documents exigés des candidats à l’enrôlement lors de leur présentation devant les centres d’accueil citoyens (CAC)[5], il est constamment rapporté que les instances départementales d’enrôlement des populations se livrent à des « interrogatoires humiliants » des citoyens et récusent des personnes munies de pièces d’état civil et/ou d’identité au motif qu’elles seraient nées à l’étranger, porteraient des noms jugés à consonances étrangères, seraient d’ethnies non reconnues officiellement[6], alors même que certaines figuraient dans la liste des langues citoyennes reconnues par l’ancien code de la nationalité[7]…

Des accusations ouvertes mettent en cause les relents discriminatoires de la campagne d’enrôlement dont l’objectif caché serait de mettre en cause la nationalité de nombres de mauritaniens et en particulier la composante négro-africaine.

C’est le lieu d’examiner, au-delà des actes posés ça et là et des suspicions légitimes ou non, les effets induits de l’enrôlement sur la citoyenneté de tous ceux qui ne seront pas recensés.

3. Sur les effets induits de l’enrôlement

La procédure d’enrôlement se décline en deux étapes, selon le procédé mis en place par l’ANRPTS:

– Une première où le candidat accède à la salle du CAC en présentant « ses papiers au président de l’instance d’enrôlement, puis (répond) aux questions qui peuvent être posées par les membres de cette instance.

Après l’acceptation d’enrôlement du candidat, l’instance lui (donne) un document appelé PV d’enrôlement »

– Une deuxième où le candidat est autorisé à accéder « à la salle d’enrôlement où se fera l’acquisition des empreintes digitales, le portrait et la signature.

A la fin du processus d’enrôlement, le candidat aura un extrait du registre national des populations. Cet extrait porte le numéro national d’identification (NNI) qui apparaitra sur tous les autres documents »

Quid du candidat récusé, sans possession de l’extrait du registre national des populations et donc sans numéro national d’identification?

Le nouveau code d’état civil dans son article 9 in fine est très clair: « Nul ne peut bénéficier d’un acte d’état civil sécurisé, s’il n’est pas enregistré dans le registre national des populations (RNP) ».

Est-ce à dire que les anciens actes d’état civil « non sécurisés » pourraient survivre aux nouveaux actes biométriques?

Ce maigre espoir que pourrait donner une lecture optimiste et déductive de l’article 9 in fine précité s’évanouit à la lecture de l’article 72 in fine du même code qui dispose que: « Il sera mis fin, par décret, à la validité des actes d’état civil délivrés conformément à la loi n°96-019 du 19 juin 1996 portant code de l’état civil ».

A la publication de ce décret, toutes les personnes non inscrites dans le registre national des populations ne disposeront alors plus d’actes d’état civil mauritaniens opposables aux autorités nationales et probablement aux Etats tiers.

Quid alors de la nationalité des personnes non inscrites au RNP?

4. L’enrôlement et la question de la nationalité

Il n’y a a priori pas de rapport direct entre l’enrôlement et la nationalité qui est définie comme étant « le lien juridique qui relie un individu à un Etat déterminé », lien qui peut être lié à la naissance ou à un droit acquis.

Toutefois, au regard du but assigné à l’enrôlement qui consiste à alimenter le Registre National des Populations, on s’interroge à juste titre si le lien n’est pas établi.

En effet, le RNP « intègre les informations relatives à la naissance, au mariage, au divorce et au décès (état civil)ainsi que les empreintes digitales, les données de reconnaissance faciale, la photographie et toutes autres données ou mentions utiles à l’identification d’une personne »[8].

Toutes données ou mentions auxquelles pourraient accéder les administrations avec lesquelles coopère l’ANRPTS[9].

On peut à juste titre en conclure que l’absence d’état civil pour non présence dans le RNP pourrait poser des difficultés si de nouveaux documents attestant de la nationalité mauritanienne devaient être édités sur la seule base des informations fournies par l’ANRPTS.

Ces nouveaux documents intégreraient sans doute la liste des titres sécurisés qui devrait être définie par arrêté du ministre de l’intérieur[10] et la nationalité mauritanienne ne serait alors réservée qu’aux seuls nationaux inscrits sur le registre national des populations. Hypothèse invraisemblable qui ouvrirait la voie à un large contentieux de la nationalité, puisqu’on aura remis en cause la nationalité d’origine de beaucoup de mauritaniens non binationaux et créé une situation d’apatridie, statut totalement réprouvé par le code de la nationalité.

Cette hypothèse est effrayante et elle semble être à la base de la colère de tous ceux qui manifestent derrière le slogan: « TOUCHE PAS A MA NATIONALITE ».

Une autre hypothèse est celle de la dissociation entre l’enrôlement en cours et la question de la nationalité pour retomber dans le contentieux ordinaire de la nationalité tel qu’il résulte du code qui le régit.

Dans ce cas de figure, les règles charnières sont les suivantes

: La nationalité mauritanienne provient de la naissance selon les conditions définies par la loi[11]; son acquisition ou sa perte est le fait de loi ou de l’autorité administrative (art. 1er).

L’acquisition d’une nationalité autre que la nationalité mauritanienne rend caduque cette dernière, à moins d’y avoir été autorisé par décret (art. 31 nouveau du code).

La déchéance de la nationalité mauritanienne peut intervenir jusqu’à vingt ans après son acquisition, en cas de condamnation pour crime ou délit contre la sûreté intérieure ou extérieure de l’Etat, pour crime ayant entrainé la condamnation à une peine supérieure à 5 ans ou pour collusion avec un Etat étranger contre les intérêts de la Mauritanie (art. 33 nouveau du code)

La réintégration dans la nationalité mauritanienne se fait par décret, après enquête (art. 25 du code).

La réintégration après déchéance pour raisons de condamnation est conditionnée par une réhabilitation judiciaire (art. 28 du code).

La preuve de la nationalité est établie, jusqu’à démonstration contraire, sur production du certificat de nationalité délivré conformément aux dispositions des articles 64 et suivants du code (art.56 in fine du code).

La preuve contraire pourrait éventuellement être rapportée par un bi-national considéré comme ayant perdu sa nationalité par application de l’article 30 du code, si celui-ci produit l’extrait du décret l’autorisant à garder sa nationalité mauritanienne conformément aux dispositions nouvelles de l’article 31 du code.

La charge de la preuve appartient toujours à l’auteur de l’action tendant à revendiquer ou répudier sa nationalité mauritanienne ou à celui qui le met en cause (art. 56 du code).

La tache des autorités publiques tendant à remettre en cause la mauritanité des bi-nationaux sera probablement difficile si ces derniers ne produisent aucun élément pouvant les faire tomber sous le coup des dispositions de l’article 30 précité.

Par ailleurs, devant la règle de la primauté des conventions internationales sur la loi nationale- règle reprise par l’article 6 du code de la nationalité[12]-, le champ du contentieux est susceptible d’être plus ouvert qu’on ne le pense…

Par Me Moktar Touré, des barreaux de Versailles et Nouakchott

NB: Kassataya vous propose en attaché des textes pour ceux qui souhaitent approfondir le sujet.

code-nationalite-mauritanie-nouveau.pdf

decret-enrolement.pdf

LoiNationaliteFR.pdf

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[1] Article 2 al. 1 du décret n° 2011-110 /PM définissant le cadre juridique de l’enrôlement dans le Registre National des Populations

Interview de Ladji TRAORE pour Cridem, propos recueillis par Babacar Baye Ndiaye (http://www.cridem.org/C_Info.php?article=58271)

[3] Articles 10 à 16 inclus du décret n° 2010- 150/PM du 10 juillet 2010 portant création, organisation et fonctionnement de l’Agence Nationale du Registre des Populations et des Titres Sécurisés (ANRPTS).

[4] Les IDEP qui officient dans les centres d’accueil des citoyens (CAC) pour l’enrôlement se composent elles, outre d’un représentant de l’Agence, d’un représentant de l’administration territoriale et d’un conseiller municipal, des représentants de la police, de la gendarmerie et de la garde (art. 5 de l’arrêté n° 937/MIDEC portant création, organisation et fonctionnement des instances départementales d’enrôlement).

[5] L’acte de naissance issu du recensement 98, avec une copie ou un extrait de naissance de moins d’un an.

Carte nationale d’identité, dont les 7 derniers chiffres sont lisibles, avec une photocopie.

Les nouveaux recensements pour les NNI des parents (si les parents sont déjà enrôlés).

Acte de décès ou un jugement constatant le décès (des parents) pour les personnes âgées de moins de 45 ans.

A cela s’ajoute, toutes autres pièces qui justifient l’identité du candidat, à savoir le passeport, l’ancien acte de naissance, la nationalité, etc.

[6] Lire à cet égard les témoignages édifiants de Me Gourmo LO acteur direct et victime des IDEP et l’article très éloquent de Ahmed Aly JIDDOU

[7] Parmi les conditions de la naturalisation (conditions d’assimilation) figurait à l’art. 19-2 de l’ancienne loi, l’exigence de maitrise courante de l’une des langues suivantes « toucouleur- pulaar-, sarakolé- soninke-, ouolof- wolof-, bambara, hassanya, arabe, français; » l’article 19 nouveau ne retient plus que l’arable, le poular, le soninké et le wolof.

[8] Article 2 al.2 du nouveau code d’état civil.

[9] Articles 4 et 6 du décret portant création de l’ANRPTS.

[10] Article 3 al.2 du décret portant création de l’ANRPTS.

[11] Désormais la nationalité d’origine est régie par le seul article 8 du code qui dispose que:

« Est mauritanien:

1 L’enfant né d’un père mauritanien,

2 L’enfant né d’une mère mauritanienne et d’un pere sans nationalité, ou de nationalité inconnue,

3 L’enfant né en Mauritanie d’une mère mauritanienne et d’un père de nationalité étrangère, sauf la faculté de répudier cette qualité dans l’année qui précède sa majorité, »

[12] Article 6 du code de la nationalité: « Les dispositions relatives à la nationalité contenues dans les traités ou accords internationaux dûment ratifiés et publiés s’appliquent, même si elles sont contraires aux dispositions de la législation interne mauritanienne ».

Source: KASSATA

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Des Mauritaniens de France manifestent dimanche à Bruxelles contre le recensement dans leur pays

Des Mauritaniens vivant en France vont participer dimanche après-midi à Bruxelles, devant l’ambassade de leur pays en Belgique, à une manifestation contre le recensement de la population en cours dans leur pays.

Depuis quelques jours, la diaspora mauritanienne de France conteste le recensement en cours dans leur pays, considérant que celui-ci est « raciste et discriminatoire pour les négro-mauritaniens ».

Samedi dernier, une manifestation a réuni à Paris entre 600 et 1000 personnes qui ont marché de la Place Trocadéro à l’ambassade de Mauritanie. Une vingtaine de jeunes avaient occupé la semaine dernière les locaux de l’ambassade de Mauritanie à Paris amenant la police française à en interpeller quelques uns mais qui ont relâchés après deux heures de garde-à-vue.

« Touche pas à ma nationalité », « Touche pas à ma  »Mauritanité » » ont rythmé la cadence des marcheurs jusqu’aux portes de l’ambassade.

« Nos compatriotes de Bruxelles nous ont invités à leur manifestation. Il s’agit de les renforcer dans le cadre de la lutte contre le recensement discriminatoire et d’épuration ethnique en cours dans notre pays », a fait remarquer le coordonnateur du Collectif, Ibrahima Sow, joint au téléphone.

Il a indiqué que des manifestants viendront aussi des Pays-Bas pour se joindre à la protestation. « Si nous avons tenu à aller à Bruxelles c’est parce que c’est la capitale européenne où se prennent de grandes décisions concernant l’Union européenne. Nous voulons aussi alerter l’opinion internationale sur ce qui se passe dans notre pays », a encore dit M. Sow.

Outre les Mauritaniens des Pays-bas, la manifestation verra également la participation des organisations de la société civile et des partis et mouvements politiques mauritaniens.

Les organisateurs de la manifestation réclament l’arrêt du recensement et appellent à la concertation pour fixer de « nouvelles règles non discriminatoires et non racistes pour permettre à toutes les communautés mauritaniennes de se faire recenser convenablement ».

D’autres manifestations ont été organisées à Cincinnati, Montréal et Nouakchott contre ce recensement, rappelle-t-on.

Source: Agence de Presse Africaine

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Enrôlement : Mamadou Sarr ‘rejeté’

Un cinquantenaire, dénommé Mamadou Hamidou Sarr, a été «rejeté» par les agents de recensement des populations, qui lui ont exigé de présenter des témoins certifiant sa «mauritaniété».

L’affaire a coïncidé avec le sit-in du « Mouvement Touche pas à ma Nationalité » , organisé, chaque jeudi, devant le Centre d’Accueil des Citoyens de Tevragh Zeina. Mamadou Hamidou Sarr, a montré ses actes d’état civil « mauritaniens » au reporter d’Alkhbar sur place.

Il s’agit d’une «pièce d’identité, assortie de sa pièce justificative du RENVEC (recensement administratif national à vocation d’état civil), d’une copie de son certificat de nationalité et de celui de ses parents».

Mamadou Hamidou Sarr, dit avoir «travaillé à l’Union des Banques du Développement , une ancienne banque de la place». il ajoute également que Son frère «évolue dans la gendarmerie nationale». Ce jeudi encore le mouvement Touche Pas à Ma Nationalité, en présence massive de la police, a brandi des slogans : « Touche pas à ma Nationalité ; recensement raciste ; la Mauritanie pour tous.»

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Le Président de l’AJD/MR demande officiellement la suspension de l’enrôlement de la population

Monsieur le Ministre ;
Depuis le début de l’enrôlement le 5 Mai 2011, en vue d’un recensement national de la population, les média, la société civile, les syndicats, les organisations des droits de l’homme, les partis ne cessent de dénoncer les dérives constatées sur le terrain durant ces opérations.

L’AJD/MR avait déjà anticipé ses craintes dans le mémorandum que le Parti avait publié le 26 janvier 2010 intitulé « Ce qu’en pense l’AJD/MR » pour que ces opérations ne servent pas à certains décideurs ou exécutants mal intentionnés de poursuivre des objectifs inavouables qui tendraient à priver certains de leur nationalité.

Nous avons par la suite publié une déclaration le 19 juin 2011 pour stigmatiser les manquements constatés après avoir envoyé sur le terrain une commission de constatation.

Je me suis rendu dans la foulée au Gorgol et au Guidimakha où les populations m’ont fait part de leurs griefs par rapport à cet enrôlement. Dès mon retour à Nouakchott, j’ai été reçu par le Président de la République le 12 juillet dernier, à qui j’ai transmis les doléances de ces populations et fait part de mes propres recommandations.

Aujourd’hui, nous vous demandons, sur la base de ces recommandations contenues dans notre mémorandum du 23 juillet 2011 ci-joint, de suspendre cette opération d’enrôlement et de procéder aux rectificatifs nécessaires pour apaiser le climat social agité par cet enrôlement qui peut, si on n’y prend garde, raviver les tensions intercommunautaires.

Tout en espérant que notre appréciation de la situation recoupera vos propres préoccupations, je vous prie Monsieur le Ministre d’agréer l’expression de ma haute considération.

Pièce jointe :

– Copie mémorandum

Nouakchott le 03 Août 2001

Ibrahima Moctar Sarr

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Recensement en Mauritanie : Union sacrée et rassemblement actif.

Devant le tollé suscité par les conditions de l’opération d’enrôlement (tollé dont les médias internationaux se font le relais, et ce n’est qu’un début !), les autorités mauritaniennes ont avancé pour raison, sans rire, la nécessité de sécuriser l’état-civil dans un pays secoué par le terrorisme international. Rien de moins.

Les principaux animateurs de l’appareil gouvernemental sont allés à bonne école. Ils sortent de la cuisse de … Ould Taya. Ils sont les meilleurs, les plus aguerris, les indispensables enfants de la Mauritanie qui peuvent décider dans le bureau obscure d’une obscure officine, la stratégie à adopter pour priver des milliers de mauritaniens de leur nationalité.

Leur géniteur, Ould Taya, avait poussé l’art du mépris silencieux et de la récupération à des sommets. Vous pouviez remuer ciel et terre, mais quand il décidait qu’un problème n’était pas digne d’intérêt vous ne pouviez lui soutirer le traitre mot.

Quant à l’art de la manipulation et du camouflage, le monde se souvient comment le régime de Ould Taya fit de la menace terroriste l’argument imparable de sa politique de terreur, appuyée par des puissances occidentales se laissant trop facilement endormir par toutes sortes de sornettes ayant trait au terrorisme islamiste. Un rapport coordonné par Abdoulaye Diagana, Aboubakri Marouani et Abdel Nasser Ould Yessa en avait démêlé l’écheveau en 2005. Ould Abdel Aziz use et abuse de ces deux éléments.

Coup sur coup, lui qui a longtemps observé Ould Taya dont il surveillait et sécurisait le fauteuil, vient de nous servir le sketch du silence méprisant devant les complaintes de la population et l’excuse de la menace terroriste (par la bouche de ses serviteurs zélés qui surveillent et sécurisent son fauteuil) pour justifier l’exclusion et l’humiliation des populations.

Lorsque la tête de la bête immonde fut tranchée en 2005, les mauritaniens se sont retrouvés dans une unanimité rare (à quelques exceptions notoires) pour dire combien le régime de Ould Taya était méprisable et ignoble. L’hydre a la dent dure. Il lui repousse deux nouvelles têtes chaque fois qu’on lui en coupe une. Mais les mauritaniens tiennent tête. Après la mobilisation des negromauritaniens, les haratines s’insurgent et se disent discriminés.

Certains maures s’élèvent aussi contre ce recensement d’un genre particulier. A ce rythme, on voit mal comment les manifestations vont faiblir et comment la continuité du régime d’Ould Taya pourra enrayer la dynamique en jouant l’usure et le pourrissement.

Pour l’heure, les signes militent en faveur d’un renforcement du front. Biram Ould Dah a récemment appelé au boycott d’une opération qui exclut noirs et haratins. Le pouvoir en a été tellement agacé (c’est un scoop dont Poullori détient la preuve) qu’il s’est livré à une campagne de déstabilisation en reprochant au leader de IRA de « soutenir les kwars », oubliant que, selon Biram, plus de 600 000 haratins sont exclus d’office parce que ne disposant pas de pièces d’état-civil. Parallèlement, des maures blancs se plaignent de plus en plus ouvertement de l’exclusion manifeste dont feraient l’objet certaines de leurs tribus.

La probabilité d’une Union Sacrée est donc grande, comme lors des procès de Ould Haidalla (grab 1), des érudits musulmans ou encore des cavaliers du changement… où toutes les communautés s’étaient mobilisées, les noirs comme les blancs. Les mauritaniens ont besoin aujourd’hui d’un sursaut de civisme et de solidarité. Toutes les composantes doivent ensemble rejeter ce recensement et demander sa reprise dans de meilleures conditions. Tous doivent renforcer le front en appelant à manifester chaque fois que l’occasion se présentera.

La majorité présidentielle fait elle-même entendre des signes de lassitude. Ibrahima Moctar Sarr a clairement appelé à suspendre l’opération et c’est un pas non négligeable. D’autres sont attendus de la part de leaders qui doivent prendre leurs responsabilités pour conduire les autorités à abandonner ce plan diabolique.

Blancs et noirs doivent faire bloc contre ces fossoyeurs de l’unité nationale. Les relations solides peuvent naitre dans des circonstances exceptionnelles. S’ils réussissaient à faire une union sacrée contre cette imposture, les mauritaniens pourraient regarder l’avenir avec plus de sérénité. Une participation conséquence est attendue pour les manifestations du week-end prochain (la prochaine à lieu ce jeudi 4 août à Nouakchott comme tous les jeudis. Une autre aura lieu à Paris le samedi). Tous ceux qui se soucient de l’avenir du pays, de la cohésion nationale et qui sont épris de paix et de justice doivent répondre à cet appel à manifester.

PS : Ceux qui jouent la récupération des manifestations doivent avoir honte d’eux-mêmes. Ce ne sont généralement que des imposteurs qui, seuls, n’arrivent même pas à mobiliser 50 manifestants. Si aujourd’hui les manifestations prennent de l’ampleur, c’est parce que le mouvement a dépassé les limites des cadres traditionnels avec notamment une mobilisation exceptionnelle des jeunes et de personnes qui n’ont aucune fibre politique mais qui sont blessés en tant que mauritaniens victimes des agissements de leur pays.

Ces manipulations ne sont qu’une imposture qui se retournera contre leurs auteurs. Plus personne ne peut tromper personne. Il fait jour depuis longtemps. Sauf pour les dormeurs et les lève-tard.

Poullori Galo Haawa

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Samba Thiam, Président des FLAM aux Etats Unis : « Le recensement en Mauritanie pourrait engendrer de graves troubles »

Samba Thiam, un des leaders du Mouvement des Forces de Libération Africaines de la Mauritanie, Flam par acronyme, depuis les Etats Unis, est très inquiet du recensement qui est entrain de s’opérer en Mauritanie et qui met en marge les populations souvent noires, dont les Wolofs, les Peuls, les Soninkés, les Bambaras, les Harratines… au profit des Bhidans ou maures blancs qui constituent à 99% les commissions de contrôles et de recensement.

Selon lui, « au regard des événements de 1989 qui avaient fini de semer une véritable psychose chez certaines populations, nées en Mauritanie et ne connaissant que la Mauritanie, et pourtant déportées, les risques sont encore là de créer des troubles pouvant secouer même le Sénégal».

LE PAYS – En quoi serait discriminatoire le recensement actuel à l’encontre des Mauritaniens noirs?

Samba Thiam : Il l’est par sa conception et dans son exécution ! Dans tous les pays du monde, ce genre d’operation, aussi importante que l’enrôlement en vue de la refonte d’un’Etat civil, s’accompagne généralement, d’une vaste sensibilisation, d’une large médiatisation en vue d’informer les populations, pour en maximiser, justement, le succès. Ce ne fut pas le cas de ce recensement qui a été concocté dans l‘ombre et l’opacité totale, et se mène presque en sourdine, comme si l’on cherchait à cacher quelque chose.

Au ministere de l’interieur , on constitua un comité chargé de la supervision de l’operation, dont le premier responsable recevrait ses consignes non pas du ministre de l’interieur , mais de la Présidence de la République. Qu’est-ce qu’un président de la République vient chercher dans une ‘’ banale ‘’ histoire d’ opération de recensement« ordinaire » de population ?

Ensuite , provocation ultime, alors que ce recensement est censé concerner toute la population mauritanienne, dans sa diversité ( Bidhaans , Wolofs , Pulaars, Soninkes , bambaras, Haratines), on crée un comité chargée de la supervision de l’opération, composé à 99% de Bidhaans, ou maures blancs, et des commissions régionales- à son image – toutes mono-ethniques ! Des commissions mono-ethniques chargées de recenser une population pluri-ethnique !

N’y a-t-il pas là quelque chose de suspect, à tout le moins de troublant ?!

Voilà qui explique, en partie , les inquiétudes grandissantes de la population négro-africaine, et cela dès le depart; dans la manière dont ce projet a été conçu; dans son éxecution qui s’accompagne d’humiliation, de provocation ; j’y reviendrai !Inquiétudes légitimes au regard de notre passé récent, marqué par des déportation et des exécutions sommaires; souvenirs douloureux ravivés par les propos d’un Ministre qui parle « d’épurer » le fichier; inquiétudes qui s’expliquent et se justifient par l’environnement d’une idéologie ambiante d’une « Mauritanie arabe » qui distille l’illusion que les Mauritaniens noirs seraient des étrangers venus du Sénégal !

Or l’histoire du peuplement, ici, prouve que les tard-venus dans ce pays ce sont bien les Berbères arrivés au 6e siecle et la fraction arabe – dont celle du président- venue seulement au 16e siecle , qui trouverent sur place les Gangaris et les Tekruurs ! En second lieu , ce recensement est apparu, par la suite, carrément discriminatoire dans son exécution, suscitant une levée de boucliers, un tollé général d’indignation , de la part des populations noires mauritaniennes! D’abord par les pratiques et comportements vexatoires des agents recenseurs qui n’affichent aucun égard pour les personnes âgées, sommées de justifier leur « mauritanité » en présentant les pièces d’état civils de leurs ascendants.

Vous avez 45 ans et on vous demande de présenter l’acte de naisance ou de dècès de votre père âgé de 65 ans , dans une Mauritanie « officielle » vieille à peine de 51 ans ! Et ces agents du Gouvernement ne sont pourtant pas sans savoir que dans l ’Afrique, rurale, en général et en Mauritanie, en particulier, le recours aux « pratiques » d’actes d’état civil – déclaration de naissance, de décès – , n’est pas entré dans les mœurs !

Comme pour en rajouter , lorsque vous êtes né au Sénégal ou à l’étranger, vous êtes d’office rejeté, comme si on choisissait son lieu de naissance ! Rejeté aussi lorsque vous portez un nom qui sonne « étranger » , comme Ouedraogo par exemple; Ou encore parce que votre nom a été écorché ou déformé ! quelque fois à dessein, quelque fois involontairement par l’agent recenseur par déformation culturelle .

Le paroxysme est atteint enfin, lorsque que le premier ministre des Finances de la Mauritanie indépendante et un des premiers colonels de l’Armée mauritanienne –tous négro-africains –se voient rejetés par ces commissions. Les populations négro-africaines ont de quoi être inquiètes, légitimement. Dernier élément, pour le moins insolite : des commissions de recensement de populations qui s’entourent de policiers et gendarmes, c’est du jamais vu ! qu’est-ce à dire sinon que le Gouvernement cherche à intimider , menacer, voire réprimer ces populations ?

Pour rassurer tout le monde , le général , dans une communication récent , répond aux critiques pour dire « que jusqu’ici le plus grand nombre enregistré concerne certaines localités du Sud ! » ; c’est donc la preuve qu’il n’y avait pas de discrimination, laisse –t-il implicitement entendre ! Argument superficiel , et pas du tout convaincant ! Parce que cette assertion ne prouve strictement rien dans son fond , car rien ne dit que le taux des rejets n’est pas proportionnel au nombre d’inscrits ! Si on a inscrit autant , on a aussi peut –être rejeté presque autant , car on assisterait pas à une telle tempête de protestations , à une telle colère montante , partout dans le sud et à Nouakchott, si les rejets avaient été négligeables ou insignifiants ! Sûrement pas !

Des laudateurs , pour soutenir le Général et défendre son projet décrié, s’égosillent à affirmer qu’il n’y aurait rien à craindre ! que cette opération est sans rapport avec la nationalité, et ne saurait donc priver quelqu’un de sa nationalité ! Ces tristes laudateurs , comme toujours, trompent le peuple.

Comment ?

En effet , tout est lié ou relié . Nous sommes face à une chaîne où tous les maillons sont reliés : sans recensement , pas d’état civil , et sans état civil pas de nationalité ! Sans numéro d’enrôlement , pas de carte d’identité , sans identité pas de carte d’électeur et sans carte d’électeur pas de vote ! Il ne faut pas se leurrer , ces registres d’enrôlement seront la base de toutes les pièces administratives : acte de naissance , carte d’identité , permis de conduire , certificat de nationalité . Lorsque l’enrôlement sera achevé , le Gouvernement, sans aucun doute , mettra immédiatement fin à la validité de toute pièce antérieure . Suite logique, et il n’y a que les naïfs pour croire le contraire !

Enfin si les mauritaniens Noirs affluent , massivement, vers ces centres d’enrôlement , c’est parce qu’ils se sentent inquiets ; ils se sentent menacés par ce projet qui vise à remettre en cause leur mauritanité ! Au nord et au Centre du Pays on n’observe pas cette ruée vers les centres ; les populations arabo-berbères s’y rendent au pas du promeneur, sans inquiétude … rassurés dans leur « mauritanité » qui saute aux yeux ! Le Mauritanien blanc (Arabe) est perçu comme « naturellement mauritanien» , là où la mauritanité du Noir est perçue comme douteuse , suspecte !

C’est cela du reste qu’illustrent , au quotidien , les pratiques du contrôle au faciès des postes de garde routiers internes , installés au sud, où seuls les passagers négro- africains sont, généralement , soumis au contrôle d’identité !

Quel sont les risques d’un recensement national en Mauritanie ?

Je dirais non pas « risques »mais menaces et danger ! Nous sommes menacés par le Syndrome de « l’ivoirité » en germe, dans toutes ses conséquences ! L’on est entrain de fonder dangereusement le concept de « mauritanité ». Notre « unité nationale », déjà mise à rude épreuve avec les évènements de 1989, est de nouveau en danger !

Cet enrôlement, en réalité, a pour soubassement ce problème sur l’identité de la Mauritanie : une Mauritanie arabe, exclusivement, comme le veut et le prône une certaine idéologie ? ou une Mauritanie appartenant à la fois à l’Afrique noire et à l’Afrique blanche ou arabe? c’est toute la question ou toute la querelle ! Puisque ces négro-africains résistaient à leur assimilation, et génaient par conséquent l’arabité du pays, à la différence des 5 millions d’algériens noirs relégués à la culture de l’olive dans le sud , il fallait agir, par tous les moyens, sur leur poids démographique.

Ce poids démographique des négro-africains, obsession permanente des régimes arabo-berbères-est l’enjeu, secret, de cette opération d’enrôlement . Moctar Oud Daddah s’y attaqua en inventant la théorie du quart ( ¼), sans fondement aucun . Ould Taya le suivit mais usa de méthodes grotesques et barbares pour y faire face, comme la déportation et l’élimination physique massive ; Aziz, à son tour, ne semble pas y avoir renoncé ; seulement, lui, s’y prend autrement; de manière plus fine, plus subtile, en posant les fondements légaux, juridiques du déni de « mauritanité » ou de nationalité des Négro-africains !

L’inquiétude de nos populations est donc toute légitime, car c’est dans cette trajectoire que s’inscrit ce recensement, qui vise à poser les fondements de leur exclusion , et à les rendre ainsi apatrides dans leur propre pays . Apatrides , tous ces réfugiés dépourvus de pièces d’état civil détruits par l’armée, en 1989! apatrides tous ces immigrés et exilés politiques , aux papiers périmés !

Quelles sont les menaces par rapport à la stabilité de la Mauritanie?

Vous l’avez dit vous-mêmes : menaces d’instabilité interne . Notre unité nationale , bien fragile , risque d’éclater ; or la Mauritanie dans la turbulence c’est le Sénégal et le Mali qui aussi seraient affectés , au regard des liens multiples partagés avec ces pays limitrophes .

Pourquoi le Président Aziz opterait-il pour un recensement sans les noirs Mauritaniens dont les beydanes, wolofs, Peulhs…?

Il faudrait peut-être aller le lui demander vous-même, si vous voulez être édifié ! Mais une chose est sûre , le Général Aziz, depuis son arrivée au pouvoir, ne rassure pas les Noirs mauritaniens . Il ne rassure pas les Haratines qu’il emprisonne à la moindre protestation contre la pratique enracinée de l’esclavage; il ne rassure pas non plus les négro-africains lorsqu’on le voit nouer, en priorité , des relations avec le Gouvernement Soudanais auteur de 2 millions de morts au sud-Soudan ! ou lorsqu’on le voit brader à ces mêmes soudanais leurs terres de culture !

Lorsqu’ils le voient porter ses efforts à renforcer les barrières à la frontière sud , érigeant des fortins et postes frontières tous les cent mètres , alors que la menace réelle, sérieuse , vient du Nord et de l’Est avec Al Qaida ! Lorsqu’enfin ils constatent, perplexes, que l’approche de ce fameux recensement, coïncide bizarrement , avec l’ordre de fermer les consulats mauritaniens à Paris et à Dakar; et l’on sait que la France et le Sénégal concentrent le plus grand nombre d’immigrés Noirs mauritaniens !.

Les négro-africains avaient espéré qu’avec la libéralisation de l’audio visuel , leurs langues et culture pourraient enfin s’exprimer librement et pleinement dans une perspective de plein épanouissement, à travers les radios rurales , régionales ! C’était sans compter avec l’article 8 du projet de loi qui stipule que les opérateurs de communication audiovisuelle doivent respecter « la diversité culturelle et linguistique de notre société conformément aux quotas des langues définis dans le cahier des charges» !

En d’autres termes , la portion congrue réservée jusque là aux langues négro-africaine ne changera pas ; même dans nos terroirs ! L’arabe restera privilégié à Rosso , Bogée , Kaëdi et Sélibaby, au détriment du Pulaar Soninké et wolof, hier et aujourd’hui, comme toujours ! Avec le Général le Système reste vivant plus que jamais!

Comment est- ce- que les Flam comptent -elles s’y prendre afin que force reste à la loi et que le justice soit préservée?

Les Flam se battront pour qu’on change plutôt ces lois scélérates qui protègent des lobbies racistes et esclavagiste , et favorisent la suprématie d’un groupe ethnique sur les autres ; Elles se battront pour la suppression des lois, comme celle en gestation sur ce recensement , pour l’instauration d’un ordre plus juste et plus égalitaire entre tous les mauritaniens .

Elles recommandent toutefois aux populations de rester vigilantes , de ne pas se laisser distraire par la tactique du pouvoir qui divise le groupe Haalpulaaren, en Pulaars et Peulhs ; c’est une diversion, destinée à les éloigner de l’essentiel qui , en réalité, est que ni les uns ni les ’autres ne seront correctement recensés ; ni les Wolofs , ni les Soninkés , ni les Hartani rebelles !

Elles appellent ces populations au pied du mur, acculées, à faire preuve de détermination à ne pas céder , car leur destin serait alors scellé, pour de bon! Les Flam, avec les forces progressistes, et les compatriotes arabes honnêtes et courageux qui ne se contentent pas de dénoncer du bout des lèvres cette opération , mais se rangent en ordre de bataille, les Flam, dis- je , vont harasser sans répit le Général jusqu’à ce qu’il mette un terme à cette opération grotesque ou en corrige les anomalies majeures!

Propos recueillis par Oumar DiarraLe Pays (Sénégal) du 31 août 2011- N° 035

  1. Ciré BA
    10 octobre 2011 à 18 h 51 min

    La Mauritanité ! Qu’en dit l’histoire ?
    L’opération actuelle d’enrôlement, il semble qu’il s’agisse de cela, plutôt que d’un recensement, la précision est apportée par Mohamed Ould Abdel AZIZ lui même qui doit s’y connaître, ne tient compte ni de notre histoire, ni de notre géographie, ni même de notre géopolitique encore moins de la fragile alchimie (de peuplement ou population) léguée par nos ainés. C’est pourquoi, il nous a semblé utile de rafraichir notre mémoire collective sur la construction toute récente de notre pays afin d’aider à mieux comprendre pourquoi nos populations portent naturellement les mêmes noms de familles du Sahara, du Sénégal, du Mali, du Maroc, de l’Algérie et bien d’autres pays dont des citoyens ont fait le choix d’être des nôtres. Il nous semble, donc, risqué de parler de noms de familles courants.
    La Mauritanie n’est pas une île. Elle n’est pas non plus un No Man’s Land. Elle est le reflet de ses voisins, avec une personnalité propre, qui s’enrichit continuellement.
    Par sa position géographique, à mi chemin entre l’Afrique noire et le Maghreb, la Mauritanie est un carrefour d’échanges et de cultures, un melting pot. Sa création par la France coloniale répondait à un triple objectif : Relier ses protectorats du Nord (Maghreb) à ses colonies du Sud (AOF et AEF), limiter l’influence Espagnole au seul Sahara et contrecarrer l’idée du «Grand Maroc».
    La création de la Mauritanie
    Le nom de la Mauritanie n’apparait officiellement que le 27 décembre 1899 par décision ministérielle qui délimitait un territoire qui englobe les régions s’étendant de la rive droite du fleuve Sénégal et de la ligne entre Kayes et Tombouctou, jusqu’aux confins du Maroc et de l’Algérie. Cette décision ministérielle et le choix du nom ont été inspirés par Xavier COPPOLANI.
    En 1900, la première limite du Territoire fut fixée à travers un tracé théorique délimitant les zones d’influences franco – espagnoles au Nord. Le 10 avril 1904, par arrêté, tous les territoires situés sur la rive droite du fleuve Sénégal sont rattachés aux protectorats des pays Maures. Paradoxalement, la fracture entre Maures et Noirs de la vallée du Fleuve sera « officialisée » par les arrêtés n°469 et 470 du 20 août 1936 qui organisaient séparément les commandements et administrations : une administration indirecte chez les « indigènes maures », avec des émirs dépendant désormais de l’administration coloniale ; et une administration directe chez les populations sédentaires noires, avec la création de cantons dont les chefs étaient auxiliaires de police judiciaire et percepteurs des impôts.
    Ce mode de gestion séparée est renforcé par la mise en place d’un système éducatif différencié. En effet l’administration coloniale, pour asseoir son autorité, affirme son intérêt pour l’institution scolaire en vue d’une plus grande emprise sur les populations autochtones. Dans sa circulaire du 22 juin 1897, le Gouverneur Général E. CHAUDIE écrit : « l’école est le moyen le plus sûr qu’une nation civilisatrice ait d’acquérir à ses idées les populations encore primitives». « C’est elle (l’école) qui sert le mieux les intérêts de la cause française » ajoutera le Gouverneur Général William PONTY dans une circulaire du 30 août 1910, comme pour confirmer les propos de son prédécesseur.
    Simplement, l’implantation de cette école en Mauritanie se fera, et pendant longtemps, dans le Sud : Kaédi en 1898, Boghé en 1912…., alors que les Médersas le seront seulement à partir de 1916 à Boutilimit, puis à Atar en 1936…., en raison notamment de l’hostilité affichée en pays Maures. C’est ce qui explique qu’à l’accession de notre pays à sa souveraineté le 28 novembre 1960, l’essentiel des cadres et des lettrés en langue française sont du Sud.
    Enfin, le décret du 5 juillet 1944 rattache la région du Hodh, jusqu’alors sous dépendance du Soudan (actuel Mali), à la Mauritanie. Ce rattachement revêt un cachet sécuritaire, l’administration cherchant à neutraliser le mouvement Hamalliste (Cheikh Hamahoullah) dans cette région.
    En lieu et place des Émirats (Adrar, Trarza, Brakna, Tagant) et des États du Sud (Guidimakha, Waalo, Fouta Tooro) se substitue et se superpose le futur État de Mauritanie. Jusqu’au 2 juin 1946, le nom de la Mauritanie continuera d’être associé, jumelé avec celui du Sénégal sous l’appellation de « Circonscription Mauritanie – Sénégal » et Saint Louis du Sénégal restera capitale de la Mauritanie jusqu’à la veille de l’indépendance. On comprend dès lors que bon nombre de Mauritaniens soient nés au Sénégal.
    Tel est le contexte historique et politique dans lequel a été enfantée la Mauritanie actuelle, regroupant Sooninko, Wolofs, Maures, Bambaras, Haratines et Haal Pulaar en qui vont devoir désormais vivre sur un même territoire unifié et placés sous une même autorité. Il va s’en dire que pour présider aux destinées de notre pays, il vaut mieux connaître ce contexte et tenir compte de toutes les pièces du puzzle. Le prix à payer pour les fils de notre pays, maures comme noirs, sera énorme.
    Les clefs de ce nouvel ensemble, fraichement créé, encore fragile, ont été confiées à Mokhtar Ould DADDAH. Si celui-ci appelait à construire ensemble la nation mauritanienne, sa conduite des affaires sera très tôt considérée comme partisane. Il va notamment opter pour une politique d’arabisation du système éducatif qui sera perçue par les uns comme un acte de souveraineté et de « repersonnalisation », et par les autres comme une mesure d’exclusion et d’assimilation. Car l’objectif à peine voilé de cette décision politique était de procéder à un rattrapage de l’avance prise par les noirs, surreprésentés dans l’appareil d’Etat, aux yeux des courants panarabistes.
    Le calcul politique qui sous-tendait cette mesure, les conditions de son application, la mauvaise gestion des conséquences de cette application en termes de contestation cristalliseront toutes les frustrations et « pollueront » pour ainsi dire le climat politique de notre pays. La brèche ouverte depuis est devenue un fossé, si grand aujourd’hui qu’il fait courir à notre pays le risque de conflits à répétitions.
    Est-il possible d’éviter à notre pays un futur incertain ?
    Les mauritaniens peuvent-ils s’arrêter un instant pour s’accorder sur l’essentiel en vue de construire un destin commun ? Quel modèle pour la Mauritanie : Etat unitaire, Etat fédéral ? Ancrage dans le monde Arabe ou dans l’Afrique noire ? Trait d’union ?
    Nous verrons dans notre prochaine livraison que, dès 1946 lors des premières élections législatives dans le cadre de l’Union Française, la question était déjà posée. En 1945, en prévision de ces élections, deux tendances s’étaient dessinées : Chez les Maures « le représentant de la Mauritanie ne saurait être un noir » tandis que les notables noirs, inquiets, font appel à une candidature européenne (source : Sous – série : 2G45 : 134, Archives Nationales du Sénégal).
    Quoi qu’il en soit, nul ne peut gouverner paisiblement notre pays en méconnaissance totale de son histoire ou au mépris de celle-ci, faite de recompositions, de brassages, de mélanges de sociétés si différentes que tout éloignait au début, mais qu’il faut désormais administrer harmonieusement selon un principe si simple de justice et d’égalité, non pas de principe, mais d’égalité effective.

    Ciré BA et Boubacar DIAGANA, historien et géographe – Paris.

  2. Ciré BA
    10 octobre 2011 à 18 h 58 min

    Mauritanité ! Qu’en dit l’histoire ? (suite)
    La construction politique de la Mauritanie : 1946-1960
    Imaginée en Décembre 1899 par l’administration coloniale, la construction du cadre historique et géographique de la Mauritanie s’est poursuivie jusqu’en 1944. Mais c’est en novembre 1946 que commence sa construction politique. A l’instar des ressortissants des autres colonies, les Mauritaniens sont appelés à voter pour élire leurs représentants : un Député à l’Assemblée Nationale Française, un Sénateur et un Conseiller au Grand Conseil de l ‘Union de l’Afrique de l’Ouest. Ces élections symbolisaient le début d’une individualisation politique et territoriale par rapport au Sénégal.
    Nous avons choisi de mettre en lumière cette période (1946 – 1960) très importante de l’histoire de notre pays, paradoxalement peu connue, alors qu’elle met en scène un nombre impressionnant d’acteurs dont certains, encore en vie ou disparus aujourd’hui, ont accepté d’être pour nous il y a un peu plus de vingt cinq ans de grands témoins. Des témoignages corroborés et complétés par des sources consignées dans les Archives nationales de Mauritanie et du Sénégal. C’est donc une période sensible, très sensible, voire trop sensible qui a vu naître les premières formes d’organisations politiques, les premiers enjeux de lutte pour la conquête, le contrôle du pouvoir et finalement notre présent.
    L’élection de novembre 1946 : premier test pour la Mauritanie, premières frictions.
    En 1945, l’annonce des prochaines élections avait suscité des hostilités entre Maures et Noirs. Les documents d’archives (Sous – série 2 G 45 : 134, Archives Nationales du Sénégal) indiquent cette unanimité chez les Maures que « le représentant de la Mauritanie ne saurait être un Noir »; et qu’ils commençaient à manifester une volonté de renouer avec le monde Arabe, évoquant un « éveil de la race Maure …… et le désir d’être rattachés de fait au Maroc ».
    Les Noirs de la vallée du Fleuve Sénégal et du Hodh, qui se sentaient très attachés à leurs frères de sang du Sénégal et du Soudan (actuel Mali), estimaient que « seule une candidature européenne pourrait partager les voix en Mauritanie ».
    Deux candidats briguaient le suffrage des mauritaniens à l’occasion de cette élection.
    D’un côté, Horma Ould BABANA, interprète, engagé en politique en 1944 en adhérant au Bloc Africain de Lamine GUEYE et L.S. SENGHOR. Ce parti, affilié à la Section Française de l’Internationale Ouvrière (SFIO) n’avait pas obtenu de grands succès auprès des populations de la vallée lors d’élections précédentes. A l’occasion de la campagne électorale d’août 1946, Lamine GUEYE et SENGHOR parcoururent le long de la vallée, et partout ils présentèrent Horma comme un chérif, un descendant du Prophète à qui devrait revenir de fait la députation d’un territoire dont les habitants sont des musulmans. Il avait déjà le soutien des tribus du Tagant et une masse importante des Noirs de la Vallée, victimes des brimades des chefs de cantons locaux.
    De l’autre Yvon RAZAC administrateur français, candidat de l’administration coloniale.
    A l’issue de l’élection de novembre 1946, Horma Ould BABANA est élu député de la Mauritanie par 6 076 voix contre 3 525 pour Yvon RAZAC.
    En 1948, se créa une véritable fronde contre Horma, rassemblant les courants conservateurs Maures et Noirs ainsi que les tribus les plus engagées aux côtés de l’administration coloniale. Ses électeurs Maures se montraient «…impatients et, ne supportant plus l’influence noire, étaient (désormais) prêts à embrasser toute doctrine extrémiste quelle que soit l’étiquette pour couvrir leurs aspirations nationales » (source : 2 G 47 : 20, Archives Nationales du Sénégal, rapport politique du premier trimestre 1947, page 7). Tandis que les chefs traditionnels et une partie de l’intelligentsia Noirs de la Vallée se sentant trahis par l’administration coloniale et noyés dans un ensemble Maure, vont tenter de s’organiser en vue de défendre l’intérêt de leur communauté à travers un groupement politique.
    L’apparition des premières formations politiques
    – L’Union Générale des Originaires de la Vallée du Fleuve (U.G.O.VA.F) créée fin 1946 à Dakar. Elle connut trois phases :
    En 1946, l’U.G.O.VA.F (U.G.O.F dans certaines sources) n’était qu’une simple association d’élèves et anciens élèves Haal Poular en et Soninko des deux rives, sortants pour la plupart de l’école Normale William Ponty, pour « créer un climat familial ». Présidée par Abdoulaye WATT, l’association comptait parmi ses membres : Thierno Saydou Nourou TALL, Samba GANDEGA, Aly Bocar KANE, Mamoudou Samba Boli BA, Moustapha TOURE, Ismail SY, Demba Labbo DIOUM, Aly Ciré BA, Boubou SALL…
    En 1947, l’U.G.O.VA.F évolue pour défendre les intérêts de la communauté noire en territoire de Mauritanie et devient une association politique affiliée à la SFIO avec un seul objectif : Veiller aux intérêts des « fluviaux ». Le renouvellement de ses instances en 1948, verra apparaitre deux tendances qui occasionneront le départ des « futurs Mauritaniens » vers l’Entente Mauritanienne.
    En 1951, Hamath BA, médecin en poste à Boghé sollicite et obtient le soutien de l’U.G.O.VA.F pour sa candidature aux législatives de 1951.
    – L’Union Progressiste Mauritanienne (U.P.M). Créée en 1948 à Rosso, elle regroupait des chefs traditionnels, des fonctionnaires locaux et des administrateurs civils Français en service dans les Territoires du Sénégal et de Mauritanie. L’UPM se proposait de « réaliser l’union de tous les habitants de la Mauritanie, sans distinction de race ou de parti pour qu’ils deviennent éléments actifs de l’Union Française… ».
    A sa naissance, il était présidé par Bouna Mokhtar, la vice-présidence était assurée par Sidi El Moktar N’DIAYE. Parmi ses membres les plus influents de l’époque, on peut citer : Mohamed Ould Daddah, Mokhtar Ould Daddah, Amadou Diadié Samba Diom BA, Thiécoura DEMBELE, Ahmed Saloum Ould HAIBALE, Abdallahi Ould Cheikh SIDIYA.
    Patronnée par le Général de Gaulle et Abdallahi Ould Cheikh SIDIYA, l’U.P.M représentait une alliance de «grandes familles Maures et Noirs» avec une prédominance du Trarza et l’appui d’Émirs comme celui du Tagant Abderrahmane Ould Bakar Ould Soueid AHMED.

    – L’Entente Mauritanienne, créée en 1950 par Horma Ould Babana à Rosso et une équipe de jeunes qualifiés de « socialistes » dont N’Diawar SARR, Di Ould Zein, Dieri SIDIBE, Harouna SALZMAN, Dey Ould Sidi BABA, rejoints par Samba GANDEGA et Mamoudou Samba Boli BA qui viennent de quitter l’U.G.O.VA.F. L’Entente ambitionnait de « faire évoluer le pays d’une structure archaïque et féodale vers un statut démocratique, avec l’aide de la France ». Le parti va s’affilier d’abord à la S.F.I.O, puis à l’Union Démocratique des Socialistes Républicains (U.D.S.R).
    L’élection de Juin 1951 : un paysage politique redessiné
    La perspective de l’élection de 1951 pour le renouvellement du siège de député représentant le Territoire de Mauritanie à l’Assemblée Nationale Française, fait naître un regain d’activités au sein des partis en présence.
    Si l’Entente et l’U.G.O.VA.F n’eurent aucun mal à désigner respectivement Horma Ould Babana et Hamath BA comme candidats, du côté U.P.M, le choix du candidat ne fut pas simple : l’administration coloniale interfèrera et préfèrera Sidi El Moktar N’DIAYE.
    En prélude à cette élection, l’UGOVAF tenta d’exploiter le sentiment d’insécurité, régnant au Gorgol et au Brakna surtout, créé par celui qui est présenté comme un brigand : Ould MSEIK ou MSEIKINE, de son vrai nom Mohamed Ould MSEIKINE qui s’attaquait principalement aux Haal pulaar en du Brakna. Cette politisation se fera par l’entremise des représentants locaux (Boghé) du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) : Oumar BA et Mamadou Sada WANE. L’administration mettra fin aux jours de Ould MSEIKINE en 1952. Était-il brigand, manipulé ou révolté contre les injustices que subissaient les Haratines ?
    A l’issue du scrutin de Juin 1951, l’U.P.M sort vainqueur avec 39 646 voix contre 23 323 voix pour l’Entente Mauritanienne et son candidat, Sidi El Moktar N’DIAYE, est donc élu Député. Mais cette victoire est contestée par les autres partis qui voient dans cette élection une mascarade orchestrée par l’administration coloniale visant à favoriser celui des candidats qui représenterait le mieux ses intérêts. En effet, depuis la découverte des mines de fer à Zouerate et de cuivre à Akjoujt, la France a beaucoup investi à partir de 1946 pour exploiter ces richesses. Cet engagement du capitalisme français s’accompagne désormais d’une ingérence dans les affaires politiques de la Mauritanie.
    Ce qui n’a pas empêché l’UPM de connaitre une crise dès 1953, lors du choix du candidat au Grand Conseil de l’AOF. A la demande des Noirs de ce parti d’être représentés par Moktar TOURE, l’UPM imposera Souleymane Ould Cheikh SIDIYA. Celui-ci battra N’Diawar SARR de l’Entente par 22 voix contre 2 (Circulaire 338/INT – AP du 19 Avril 1952 et Série B55, Archives Nationales de Mauritanie). La base de ce parti reproche à ses dirigeants de faire preuve d’inertie. Sa jeunesse, sensible à la fermentation politique au Maghreb et en Afrique Noire va claquer la porte avec son chef de file Mohamed Ould JIDDOU et forme l’Association de la Jeunesse Mauritanienne (A.J.M) à Rosso avec Yacoub Ould BOUMEDIENE et Mohamed Ould JIDDOU. L’AJM restera un creuset d’idées et un foyer de formation politique de jeunes Maures hostiles à toute éventuelle intégration de la Mauritanie à l’Afrique de l’Ouest. Elle évoluera lentement mais progressivement vers un mouvement pan arabiste, voire pro marocain.

    L’élection de 1956 : Nouvelle recomposition, affirmation plus claire des clivages
    Pour ce deuxième renouvellement du poste de la représentation du Territoire de Mauritanie, trois candidats s’affronteront : Sidi EL Moktar N’DIAYE pour l’UPM, Horma Ould BABANA pour l’Entente et Mohamed Ould JIDDOU de l’A.J.M.
    Sidi El Moktar NDIAYE remporte l’élection de janvier 1956 avec 106 000 voix contre 7 731 voix pour le candidat de l’Entente et 584 à celui de l’AJM.
    Après cette défaite, l’Entente Mauritanienne implose :
    – d’un côté Horma Ould BABANA rejoint le Maroc la même année et s’aligne sur les positions du parti Al Istiqlal de Allal El Fassi qui avait des visées territoriales sur la Mauritanie. Ces revendications, formulées en 1956, vont se préciser en 1957 et devenir officielles en 1958. Horma Ould BABANA va épouser ces revendications qui prendront un caractère armé (Armée de Libération Nationale) avec à leur actif le siège de la ville d’Atar et plusieurs attaques en Territoire mauritanien jusqu’à la veille du Congrès d’Aleg.
    – de l’autre côté, certains Noirs de l’Entente forment, à Kaédi, le Bloc Démocratique du Gorgol (BDG) en 1956 et lorgnent de plus en plus les Fédéralistes comme SENGHOR qui propose une indépendance du Sénégal dans un cadre fédéral avec le Soudan (actuel Mali).
    L’AJM de son côté ne s’en relèvera pas. Naitra de ses cendres la NAHDA, crée en août 1958 à Kaédi par Bouyagui Ould ABIDINE et Mohamed TAGHI avec un programme politique « révolutionnaire », inspiré des luttes du Machrek et du Maghreb. Seulement ce parti, composé exclusivement de Maures, était tellement pan arabiste qu’il finira par épouser l’idée du Grand Maroc, mettant en cause l’existence de la Mauritanie dans ses frontières de 1944.
    La tension était tellement perceptible qu’un administrateur français a cru bon d’attirer l’attention d’un groupe de Maures en 1956 en ces termes « Si vous ne faites pas instruire vos enfants, les Noirs continueront à occuper toutes les bonnes places et l’on continuera à voir le médecin noir commander à l’infirmier maure » (Francis de CHASSEY : La Mauritanie 1900 – 1975).
    Le Congrès d’Aleg : Mythe et réalités
    Avec l’entrée en vigueur de la loi-cadre, chaque Territoire peut élire sa propre Assemblée Territoriale et un Conseil de Gouvernement. En Mauritanie ses élections auront lieu en 1957.
    Pour l’élection du Conseil de Gouvernement, l’UPM présente la candidature de Mokhtar Ould DADDAh. il est élu en mai 1957 Vice-président du Conseil de Gouvernement. Son élection symbolise la continuité des bonnes relations entre la France et sa tribu, celle de Cheikh Sidiya Baba (Oulad Biéri). Son mariage avec une française renforce cette idée. Dès lors, la France ne pouvait craindre de lui une attitude contestatrice.
    Mokhtar Ould Daddah forme alors un Conseil de Gouvernement (premier gouvernement de Mauritanie) composé de huit membres : Cinq Maures, deux Français et un Noir : Amadou Diadié Samba Diom BA au portefeuille technique de Ministre des Travaux publics.
    Désormais, avec la confiance de la France, Mokhtar Ould DADDAH est « programmé » pour prendre en mains la destinée de la future Mauritanie. Maitre à bord du navire Mauritanie, il place alors l’unité nationale au premier plan de ses préoccupations, forme une équipe gouvernementale ouverte aux anciens de l’Entente, appelle les Mauritaniens « à faire ensemble la patrie» et convoque un congrès de regroupement des forces politiques : c’est le très célèbre congrès se tiendra du 2 au 5 mai 1958 à Aleg dont les deux premiers jours seront marqués par d’après discussions sur l’orientation politique et la conception du type d’État en Mauritanie. Le Congrès d’Aleg verra la participation de tous les poids lourds de la période 1946/1958 et confirmera le poids politique de certains autres éléments du Sud comme Youssouf KOITA, Dah Ould TEISS, Gaye Silli SOUMARE, Petit BA, Hamath NGAIDE, et Yaya KANE.
    A l’issue de ce congrès, les participants optent pour la participation à la Communauté Française avec option pour l’indépendance, créent un nouveau parti, unitaire : le Parti du Regroupement Mauritanien (P.R.M, qui deviendra Parti du Peuple Mauritanien) et désignent un comité paritaire, composé de 4 Noirs et 4 Maures, chargé de réfléchir sur la cohabitation. Ce comité était dirigé par Gaye Silli SOUMARE et Mohamed Ould CHEIKH. Mais ses conclusions resteront lettres mortes. Deux tendances se dégagent alors parmi les congressistes Noirs. L’une, autour du Dr Moussa Sao, Abdoul Aziz BA, Racine TOURE, Bocar Alpha BA, prône la Fédération. L’autre choisit de jouer la carte de la Mauritanie unitaire, « trait d’union entre l’Afrique méditerranéenne et l’Afrique noire ».
    Le 28 Septembre 1958, les Mauritaniens adhèrent par référendum à la Communauté et se dotent d’une Constitution le 22 Mars 1959 puis d’un deuxième Gouvernement de 10 membres, élargi à d’anciens militants de l’entente Mauritanienne. La représentativité des Noirs semble être fixée à un sur cinq. Ils sont deux : Amadou Diadié et Mamoudou Samba Boli BA qui occupe le portefeuille de l’urbanisme et de l’habitat.
    Les revendications des noirs du Sud vont passer de la représentativité proportionnelle à la mise en cause de la cohabitation. Cette règle va se confirmer dans le 29 Septembre 1961 avec la nomination du troisième Gouvernement : Sur onze membres, seuls deux sont noirs, il s’agit de Bocar Alpha BA qui fait son entrée à la santé et Mamoudou Samba Boli BA aux finances.
    L’évolution politique du pays va continuer à susciter des contestations qui ont conduit à la création des deux nouveaux partis, à assise régionale. D’un côté, l’Union Nationale Mauritanienne (U.N.M) créée en Juillet 1959 visait à « préserver les liens historiques avec la Fédération du Mali (Sénégal et Mali). Ses principaux animateurs étaient des mécontents du congrès d’Aleg : Ould KHATTRI , Abdoul Aziz BA, Tène Youssouf GUEYE et Yaya KANE. De l’autre, l’Union Socialiste des Musulmans Mauritaniens (U.S.M.M) créée à Atar en 1960. Mal connue, l’USMM exprimerait avant tout un particularisme régional de l’Adrar. Ce regain de régionalisme marque le climat politique de notre pays à la vieille de son accession à la souveraineté internationale. Plus tard, en 1963, avec l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS) puis en 1966 avec le Manifeste des 19, des cadres de la Vallée réclamaient toujours une plus grande place pour les Noirs.
    Le 28 novembre 1960, notre pays accède à l’indépendance nationale avec d’importantes réserves de cuivre et de fer surtout. Le minerai de fer de Fort – Gouraud (Zouerate) était estimé à 100 millions de tonnes d’un minerai titrant de 63 à 67% de fer, exploité par la société Française des Mines de Fer de Mauritanie (MIFERMA) dont l’État Français était actionnaire principal depuis juin 1952. Quant au cuivre d’Akjoujt, il est exploité par la société Française des Mines de Cuivre d’Akjoujt (MICUMA) depuis 1953.
    A suivre, la cohabitation en collaboration avec Abderrahmane NGAIDE dit Bassel.
    Boubacar DIAGANA & Ciré BA

  3. Ciré BA
    10 octobre 2011 à 19 h 08 min

    Kaédi, ville martyre

    Les forces armées mauritaniennes ont réprimé, avec une extrême violence, les récentes manifestations pacifiques organisées par des jeunes mobilisés contre l’opération d’enrôlement au sein du mouvement « Touche Pas à ma Nationalité ». Durant trois jours, elles ont fait de cette ville un terrain de jeu favorable, un champ de bataille, un front de guerre. Rien, ni personne n’a été épargnée.

    Au-delà de cette intervention particulièrement massive et disproportionnelle, il y a là le signe évident du retour de l’Etat oppresseur, raciste et esclavagiste dans cette ville. La méthode n’est pas sans rappeler celle de sinistre mémoire d’une Algérie de veille d’indépendance quand une certaine armée d’occupation poursuivait les militants de la libération dans les rues de la Kasbah et jusque dans les manâzils qu’elle fouillait systématiquement et tirant à vue sur leurs occupants. A Kaédi, l’armée du Général Mohammed Ould Abdel AZIZ s’est comportée comme en territoire conquis et occupé, guerroyant, poursuivant les manifestants dans les ruelles de la vieille ville, lançant aveuglément des grenades dans les concessions, dépassant ainsi les limites de l’acceptable.

    Tout cela pourquoi ?

    Parce que le peuple en général, sa jeunesse avant-gardiste en particulier, a exprimé son opposition à une opération d’enrôlement qui s’apparente à un génocide démographique imposée par l’Etat. Comment ne l’auraient-ils pas fait tant les motivations et la portée d’une telle opération manquent de clarté. La jeunesse ne demandait ni plus ni moins, en raison de l’enjeu, que l’arrêt de l’opération en attendant que le peuple soit édifié sur ses tenants et aboutissants. En faisant cela, elle use d’un droit fondamental et accomplit un devoir, celui d’alerter la société sur les risques, et c’en est un, qui la guettent. C’est-à-dire tout le contraire de ce que font les politiques véreux : Manipuler, tromper.

    Mais ce faisant, elle savait qu’elle bousculait des habitudes dans ce pays où les seules manifestations autorisées sont celles de soutiens aux régimes, fussent ils dictatoriaux et sanguinaires. Elle attendait une explication, celle-ci fut musclée. Il est vrai que c’est trop demander au soldat en chef de faire œuvre de pédagogie, lui qui reconnaissait dans une interview accordée à la radio Kassataya que les conditions qui ont présidé au lancement de l’opération de d’enrôlement, manquaient d’explications. On sait désormais ce que recouvre pour lui ce concept.

    La responsabilité de Mohammed Ould ABDEL AZIZ dans ce qui se passe à Kaédi depuis le 24 septembre est pleine et entière. Il devra en répondre ; et ses soutiens de la cité du Sud, s’en expliquer.
    Face à cette agression, n’est-il pas indécent de parler de violence des manifestants et de ces femmes déterminées à faire libérer leurs enfants ? Ils se sont défendus avec des moyens de bord rudimentaires. Cela s’appelle RESISTANCE. La peur a changé de camp. La résistance doit se poursuivre partout en Mauritanie, avec tous les Mauritaniens qui le souhaitent.

    Au nom de cette résistance, du droit à la résistance et à une existence digne, nous réfutons le principe de l’unité nationale fondée sur l’unité du cavalier et du cheval. Nous ne serons plus le cheval. Désormais, nous posons la question du statut des noirs Mauritaniens.

    Avec Ould Abdel AZIZ, la Mauritanie ne sait pas où elle va, mais elle y va en courant à grande vitesse. Il usurpe le pouvoir, décide d’élections unilatérales avant de les reporter au prétexte de les élargir à l’ensemble de l’opposition, mais en réalité pour mieux les truquer et se faire élire. Depuis, il s’est assis sur tous ses engagements, à commencer par les accords de Dakar et leur application. Aujourd’hui, le pays vit dans un vide juridique sans précédant : tous les mandats électifs ont expiré ; des Sénateurs aux Maires et Conseillers Municipaux, en passant par les Députés à l’Assemblée Nationale. Il reste seul maître à bord. Mais il n’a plus la confiance du peuple, qu’il a trompé, trahi. Il doit PARTIR peut importe comment.
    Notre Nationalité n’est pas négociable.

    Mariame KANE, Boubacar DIAGANA et Ciré BA.

  4. Ciré BA
    12 octobre 2011 à 19 h 53 min

    Mauritanie : ENROLEMENT DES POPULATIONS
    Chronique d’une épuration ethnique annoncée

    Les faits
    L’opération de recensement dite d’enrôlement des populations en cours actuellement en Mauritanie pose au moins une question, non celle de savoir combien d’âmes vivent sur le territoire de notre pays, objectif principal de toute opération de recensement, mais bien celle stupide de la « Mauritanité » de celles et ceux qui se présentent dans les bureaux citoyens pour se faire recenser. Les agents recenseurs, investis de on ne sait quels pouvoirs se sentent légitimes à juger que tel nom est typiquement mauritanien, tel autre aurait une consonance étrangère, donc son porteur ne mérite pas d’être recensé. C’est irréel, contraire à toutes les règles du droit et en déphasage total avec l’histoire de notre pays. Nous nous abstenons donc de faire comme eux. Nous sommes tous Mauritaniens et voulons vivre ensemble dans le respect et la dignité.
    Les premiers et très nombreux témoignages qui nous parviennent, font état d’empêchements de toutes sortes faits à des Noirs mauritaniens de toutes conditions sociales, à Nouakchott comme à l’intérieur du pays : anciens ministres, anciens officiers supérieurs de l’armée, fonctionnaires en exercice, citoyens lambda.
    On croyait cette époque révolue. Mais nous voilà brusquement réveillés de notre sommeil.
    Notre analyse
    L’objectif de cette opération politico-administrative est, on ne peut plus clairement, défini par le premier ministre : épurer l’état civil. Sur notre territoire, comme sur tout autre, vivent des nationaux et des étrangers. L’ensemble constituant la population de la Mauritanie à un temps T. Le recensement doit pouvoir distinguer les uns des autres sans discussion, sans contestation, sans équivoque. Soyons clairs : un Sénégalais n’est pas Mauritanien ; pas plus qu’un Marocain ne l’est. Mais un Mauritanien est un Mauritanien. Normalement. Hélas, à l’épreuve des faits, cela n’est cependant évident que s’il est maure (entendez Bidhani) ; systématiquement douteux dès qu’il est noir. Cette opération est aussi dangereuse pour la communauté haratine. Biram Dah ABEID estime que « 600 000 esclaves domestiques n’ont pas de papiers et l’Etat mauritanien refuse de les leur donner ». Leur enrôlement dépend donc du bon vouloir de leurs maîtres. Le noir mauritanien doit à tout moment expliquer, justifier, remonter le fil de son histoire familiale, villageoise et l’étayer par celle de ses voisins pour prouver qu’il est effectivement mauritanien. Il ne reste plus qu’à lui imposer des tests ADN.
    Or, quand on commence à regarder plus sérieusement cette « Mauritanité », des difficultés surviennent. Etre mauritanien, est-ce exclusivement être né en Mauritanie, d’au moins un parent qui y est également né ? Ou faut-il avoir en plus le nom qui convienne. Qu’à cela ne tienne ! Mohamed Ould Abdel AZIZ n’était-il pas, à la lettre près, le nom d’un dirigeant historique du Polisario, au moment même où la Mauritanie livrait une guerre d’occupation au Sahara Occidental. Est-ce que pour autant cela fait peser un doute sur la « Mauritanité » de l’actuel président de la République ? Ni même le fait qu’il soit, qu’il serait, natif de Louga, qui comme chacun le sait se situe bien en territoire sénégalais.
    Enfin, comment joue la « Mauritanité » dans le projet de la Mauritanie nouvelle que nous prépare le Général. En vérité, avec l’arrivée au pouvoir de Mohamed Ould Abdel AZIZ, l’affirmation identitaire arabe exclusiviste de la Mauritanie refait surface avec force et violence. Le caractère excluant de la « Mauritanité » porte les germes de ce qui va déliter la cohésion et l’unité nationales. Il fait courir au pays qui porte encore les stigmates d’un conflit ethnique dont il peine à panser les plaies, le risque de nouveaux conflits aux conséquences incalculables. L’Etat procède à une modification de peuplement des villages et villes du Sud. Ce projet, pensé sous Maawiya Ould Sid’Ahmed TAYA, organisé et entrain d’être mis en place par Ould Abdel AIZIZ vise à permettre aux tenants du racisme de prendre le contrôle des municipalités du Sud : le projet de ville nouvelle à Kaédi participe de cette entreprise.
    Les soutiens d’hier du Général Ould Abdel AZIZ n’hésitent plus désormais à reconnaître publiquement qu’il est coresponsable des exactions perpétrées entre 1986 et 1993 sous Maawiya Ould Sid’Ahmed TAYA et qui présentent toutes les caractéristiques d’un génocide. Avec cette opération d’enrôlement il en pose de l’acte de parachèvement, la solution finale.
    Les agents recenseurs, minutieusement choisis, formés à l’école de la haine de l’autre, renvoient les candidats à l’enrôlement aux marqueurs identitaires du récit ethnique, la langue, le mythe des origines, censés servir à définir ceux qui peuvent « mériter » l’appartenance à la Mauritanie, ceux qui peuvent être reconnus dans le « Nous » et stigmatiser au contraire les « Autres ». Dans la construction de la nouvelle Mauritanie de Mohamed Ould Abdel AZIZ, ce « Nous » doit être entendu comme maures, Bidhani, et distinctif des « Autres » entendu comme noirs.
    En Mauritanie, ceux qui vendent au général les notions creuses de citoyenneté et de démocratie comme des remparts face aux idéologies de l’extrême le trompent. Ils valident au passage son projet politique de nationaliste arabe, inspiré d’une idéologie baathiste des plus extrêmes et précipitent notre peuple dans l’abîme. Ils doivent savoir que, avant eux et ailleurs, des intellectuels et/ou universitaires ont souvent mis leur talent au service d’idéologies abjectes. Hegel fut un piètre précurseur dans l’absolutisme du roi de Prusse. En Yougoslavie, le nationalisme est né dans l’esprit d’enseignants, de médecins, de psychanalystes, d’économistes, d’artistes, de poètes, de toute une intelligentsia qui a théorisé, enseigné les thèses du nationalisme Serbe que Milosevic s’est fait un plaisir d’appliquer. En Côte d’Ivoire, au Rwanda des intellectuels se sont prêtés au même jeu, pour les résultats que l’on connaît.

    Appel
    Devant le danger que constitue le projet fallacieux d’enrôlement qui procède par exclusion, Le Général fait diversion : il trompe son peuple, trahit les facilitateurs des accords de Dakar dont il tient son magister, mais qu’il a depuis foulé au pied, et ment à l’opinion internationale quand il joue le médiateur en chef dans le conflit ivoirien alors qu’il était ouvertement partisan du maintien de Gbagbo ou encore quand il se pose en négociateur dans le conflit libyen. Notre inquiétude est de voir Mohamed Ould Abdel AZIZ légitimé dans ses rôles nouveaux, alors qu’il est avant tout un usurpateur qui s’est emparé du pouvoir au mépris de la légalité constitutionnelle.
    Notre devoir, dès lors, est d’appeler :
    – nos compatriotes, de l’intérieur comme de l’étranger, membres de la société civile, syndicalistes, militants associatifs des droits humains ou militants des partis politiques à manifester par tous les moyens leur opposition à ce sinistre projet, tous les jours et sans discontinuer jusqu’à son abandon ou son retrait total et définitif.
    – les partenaires de la Mauritanie, en premier lieu la France et l’Union Européenne que le Général a prises à témoin pour asseoir son pouvoir illégitime à ne pas se laisser berner par le rôle nouveau de Robin des bois qu’il s’est taillé sur mesure en leur promettant de lutter contre le terrorisme et l’intégrisme. L’enjeu est ailleurs : l’amélioration des conditions de vie de nos concitoyens dont une écrasante majorité est encore frappée par la faim, la maladie, le manque d’éducation et la pauvreté.

    Boubacar DIAGANA & Ciré BA

  5. Ciré BA
    27 décembre 2011 à 19 h 05 min

    La Mauritanité ! Qu’en dit l’histoire ? (troisième partie)
    Du non règlement de la question nationale à la reconnaissance du génocide

    28 Novembre 1960 – 28 Novembre 2011 : Un demi siècle de vie commune, d’oppression, d’injustices, de domination, de persistance de l’esclavage, de déportation, de luttes et …. un pays à reconstruire. Pourtant, à la veille de l’accession du pays à la souveraineté internationale des signaux clairs avaient été lancés de part et d’autre. Mais celui qui présidait aux destinées du pays, croyant en sa bonne étoile, s’est lancé comme si de rien n’était dans la construction « d’un Etat moderne, trait d’union entre l’Afrique Noire et le Maghreb » dans lequel devraient disparaitre tous les particularismes. Cet équilibre affiché sera foulé dès les premières années de l’indépendance à travers une série de politiques préparant l’ancrage de la Mauritanie à l’ensemble maghrébin et arabe :
    – Une conduite tendancieuse des affaires de l’Etat visant à donner une image exclusivement arabe du pays à l’étranger. Cette diplomatie a tellement réussi que bon nombre de Noirs Mauritaniens sont régulièrement suspectés de mentir sur leur nationalité ; pour cause « la carte postale Mauritanie » est autre. Il n’est pas rare de voir des compatriotes mondialement connus par leurs talents, par honte ou par facilité, être catalogués originaires du Mali ou du Sénégal.
    – l’imposition de la langue l’arabe dans le système éducatif s’avèrera être un subtil moyen de sélection par l’école : en quelques années les résultats des examens de l’entrée en sixième et au baccalauréat, jusque là marqués par un fort taux de réussite d’élèves francophones, majoritairement Noirs, vont s’inverser en faveur des élèves arabophones. Comme langue de travail, le rôle de l’arabe va être déterminant dans la réussite aux examens et concours, notamment d’accès à la fonction publique. En tant qu’unique langue officielle à travers la politique d’« arabisation des ministères qui n’ont pas un caractère technique et qui sont en relation directe avec l’ensemble de la population comme la Justice et l’Intérieur », l’utilisation de l’arabe dans la sphère administrative se révèlera comme un puissant outil de domination et d’exclusion : l’Etat laisse entendre sa volonté de s’adresser à toute la population mauritanienne au moyen de la seule langue arabe.
    – la concentration de l’essentiel des pouvoirs économiques, politiques et militaires depuis le coup d’Etat de Juillet 1978 entre les mains d’une partie de la composante maure. Cette armée budgétivore, véritable fonction publique parallèle, qui dirige le pays depuis, a trouvé le moyen de se débarrasser de sa composante noire ou de l’écarter des centres de décisions.
    – l’entrée en vigueur brutale à partir de 1983 d’une réforme foncière mal préparée et dont le seul objectif est l’expropriation, eut pour conséquence l’accentuation de la pression sur les terres agricoles de la vallée du Fleuve Sénégal d’investisseurs privés maures, bénéficiant de largesses de bailleurs arabes, et plus récemment d’investisseurs étrangers.
    – Plus généralement, les frustrations et les injustices ressenties par les Noirs, nées des traitements différenciés qui leur sont réservés et autrement plus sévères que ceux rendus pour les maures. L’opinion publique noire a souvent du mal à comprendre que les auteurs du dernier coup d’Etat manqué en Mauritanie, (appelé « coup d’Etat de Hannana », mai 2004, certainement le plus violent du genre), n’aient été condamnés qu’à des peines d’emprisonnement de quelques mois. Moins compréhensible encore la reconversion de deux des présumés auteurs qui se sont présentés à leur libération aux suffrages de nos compatriotes et réussi à se faire élire à la représentation nationale. Leur mandat court toujours. Alors que quatorze années plus tôt, en 1987, pour une tentative de coup d’Etat qui n’a jamais connu de début d’exécution, le régime d’alors, a, au terme d’une procédure expéditive, jugé, condamné et exécuté trois officiers Noirs. S’en est suivie une purge au sein de la grande muette qui a laissé dans le secret des tombes hâtivement creusées à Inal, Jreida, Akjoujt, Azlat, … des dizaines d’hommes qui s’étaient engagés au service de leur pays.
    Les effets cumulés de tous ces facteurs présageaient d’une explosion de conflits. Une partie des Maures, embrigadés par les mouvances pan arabistes et ayant le sentiment de plus en plus renforcé, et le disent, d’être chez eux, le seul chez qui leur soit propre (ça rappelle quelque chose), où l’Etat leur garantit tout : sécurité, impunité. La majorité des Noirs vivent cette condition comme un non choix, une condamnation à cohabiter, avec le recensement discriminatoire (enrôlement) en cours, ils ont fini par se dire qu’ils ne sont que tolérés ? Leurs revendications ont toutes été réprimées dans le sang ; sans qu’à aucun moment le régime en place ne prenne le temps de réfléchir sur les motivations réelles de ces crises à répétition, et ne propose des solutions qui aillent dans le sens du maintien de l’unité nationale.
    Cela peut-il durer encore ? Combien de temps ?
    Les gouvernants, tous régimes confondus – exception faite des parenthèses Ould Haidalla et Sidi Ould Cheikh Abdallah – ont invariablement œuvré au maintien et au renforcement de l’option arabe irréversible de la Mauritanie. Une option que même l’opposition dans son écrasante majorité ne remet pas en cause, en dépit des conflits et les risques d’explosion auxquels elle a exposé notre pays en cinquante et une années de vie commune.
    L’exacerbation de cette politique raciste, injuste et d’exclusion donnera naissance aux évènements de 1989 et suivants, avec des massacres massifs des populations noires du Sud. Des actes que l’on peine encore à qualifier avec les mots qui conviennent.
    La victoire a beaucoup de pères : Génocides reconnus
    Historiquement, ce sont les vainqueurs qui ont imposé leur volonté quand il s’est agi de qualifier les faits. Leur camp ayant eu le soutien des instances internationales, quand il ne les a pas créées, pour traduire les bourreaux : le Tribunal de Nuremberg pour qualifier le traitement réservé aux Juifs lors des deux grandes guerres de crime contre l’Humanité, ceux d’Arusha pour le génocide des Tutsi au Rwanda et de la Haye pour le génocide des Musulmans de Bosnie Herzégovine. La Cour Pénale Internationale pour Charles Taylor et récemment Laurent Gbagbo pour les crimes commis contre les peuples Sierra Léonais et Ivoirien respectifs.
    La défaite est hélas orpheline : Génocide voilé
    Ce qui s’est passé en Mauritanie entre 1989 et 1992 présente toutes les caractéristiques d’un génocide au sens retenu par les Nations Unies en 1948 dont une des conventions reconnait comme tel tout acte « commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux ». Abstraction faite du débat que peut soulever l’usage des concepts renvoyant au nombre de victimes, à l’ethnie, à la race, voire à la religion notamment chez certains scientifiques puristes, cette définition lève toute ambiguïté sur le caractère des massacres commis lors de la période référencée.
    Trois facteurs accablants sont à considérer ici, pris séparément ou mis ensemble.
    Premier facteur : l’intention (de détruire tout ou partie d’un groupe national). Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle y était, on est allé les chercher là ils se trouvaient : villages, lieux de travail (bureaux, écoles et marchés), au sein des forces armées et de sécurité.
    Deuxième facteur : le motif apparent pour désigner puis massacrer les cibles, était leur appartenance à une ethnie. A l’exclusion des exécutions au sein de l’armée, les pogroms le long de la vallée ont ciblé les peulhs. La population victime a donc délibérément été sélectionnée (tous ceux qui ont été massacrés avaient la particularité d’être Noirs).
    Troisième facteur : ces massacres ont été pensés, planifiés, et exécutés au nom d’une idéologie raciste dont l’objectif était la purification ethnique. Le maître d’œuvre en était le Colonel Ould TAYA, conseillé par des idéologues civils se réclamant du Baathisme.
    Il en découle que les crimes commis l’ont été sur la base d’une sélection, un tri. Une effroyable opération qui a précédé l’exécution collective des victimes. La sélection confère donc à ces crimes la condition nécessaire de leur qualification en génocide, tandis que le caractère collectif érige le mal en crime d’Etat.
    Faut-il encore un argument supplémentaire pour convaincre qu’il s’agit bien là d’un génocide. La réponse est assurément NON.
    A l’évidence, ce drame est bien issu d’une volonté systématique et planifiée d’extermination. La Mauritanie doit porter un regard apaisé sur son passé d’autant que certaines franges pan arabistes n’hésitent pas à accuser les exilés et déportés Mauritaniens au Sénégal d’avoir participé aux massacres de leurs compatriotes en 1989 dans ce pays, telle la réplique de l’Etat Turc accusant la France de génocide en Algérie en réponse au vote par le Parlement Français, le 22 décembre 2011, de la proposition de loi pénalisant la contestation du génocide Arménien.
    Pourquoi alors s’obstine-t-on à utiliser d’autres qualificatifs ?
    D’abord parce que les bourreaux sont encore en activité, dans les premiers cercles du pouvoir. Conscients de leur responsabilité certainement directe dans les forfaits commis, ils font tout pour retarder ou empêcher la manifestation de la vérité.
    Ensuite, la majorité des partis politiques ont préféré laisser les ONG sous-traiter la question, désertant ainsi cet épineux terrain rendu glissant par sa connexion avec la question nationale. Le débit des autres partis est faible, presqu’inaudible, en raison d’un réseau saturé par des dissensions des associations des victimes.
    Enfin les divisions au sein des associations de victimes elles mêmes, liées peut être aux traumatismes subis, sont un pain béni pour les présumés coupables, pourtant répertoriés, qui n’ont eu aucun mal à surfer sur ces divergences pour essayer de passer la solution de cette question par pertes et profits. Victimes et ayant droit s’accommoderont du discours édulcorant les crimes en « passif humanitaire ». En acceptant ainsi de suivre les autorités dans cette démarche, ils espéraient peut être donner une chance à ces dernières de cheminer vers une véritable réconciliation, impliquant réparations et pardon.
    Mohamed Ould Abdel Aziz aurait été épargné pour accorder une chance supplémentaire à la chance de réconcilier la Mauritanie avec elle-même. Ce fut un coup de poker perdant. La « prière aux morts » qu’il a orchestrée en grande pompe, n’avait d’autres motivations que mystiques. La campagne qui l’a suivie, autour du pardon participait à une démarche de diversion, visant à faire passer les victimes pour des haineux, des rancuniers qui ne pouvaient pardonner. N’entendions-nous pas les chantres de cette campagne répéter à qui voulait l’entendre que « Allah, dans Son infinie bonté, accordait Son pardon à Ses créatures (fautives) qui le Lui demandaient ». Ce qu’ils omettaient de dire, c’est qu’Allah n’a jamais fait de mal à personne. Les victimes des exactions n’ont pas de contentieux avec Allah, mais bien avec des créatures comme elles qui se sont adonnées à des abominations, dont elles doivent répondre ici bas, avant de devoir en rendre compte devant notre Créateur et Ses Anges. Ils semblent être frappés d’amnésie, oubliant que certains de ces crimes ont été commis pendant le mois de Ramadan.
    Faute d’avoir pu l’empêcher de se produire, nous n’avons pas le droit de laisser les autorités ajouter au crime la bêtise de le minimiser. En effet, les expressions utilisées pour qualifier ces faits de « passif humanitaire », l’ont été, parfois sous la pression des bourreaux et de leurs amis au pouvoir. Comme si ce qui s’est passé n’était pas suffisamment grave pour mériter d’être qualifié autrement.
    Le « passif » (et l’ « actif »), usité en comptabilité ou en grammaire, ne peut ni ne doit en aucun cas être employé pour parler de cette abomination. On est en politique. En politique, comme en tout autre domaine, il est préférable d’utiliser les mots qui conviennent pour désigner les maux causés au risque de tomber dans le négationnisme. Les propos tenus récemment par le Général Meguett en constituent un début de commencement.
    Souvenons nous qu’Hitler, tirant la leçon de la non application des résolutions du traité de Sèvres, signé le 10 août 1920 entre les Alliés et l’empire Ottoman, qui prévoit la mise en jugement des responsables du génocide arménien, aurait lancé en 1939 « Qui se souvient des massacres des Arméniens » à la veille de massacrer les handicapés, l’extermination des Juifs viendra deux ans plus tard.
    Rappelons aussi que le général père de la nation Turque, Moustapha Kemal avait pris soin de faire voter une amnistie générale des dits crimes le 31 mars 1929.
    En Mauritanie le colonel Maawiya Ould Sid’Ahmed TAYA a fait voter une loi d’Amnistie de ses crimes, adoptée en 1993 par une Assemblée à ses ordres. La tentation de tracer un trait sur les faits était déjà là.
    Le temps ne doit donc pas avoir de prise sur notre détermination et notre volonté à œuvrer pour la reconnaissance de ces crimes en génocide et la traduction pendant qu’il encore temps de leurs commanditaires devant la Cour Pénale Internationale.

    Suivra : AZIZ NOUS A TUEЯ – Les sacrifiés de l’enrôlement

    Boubacar DIAGANA & Ciré BA

  6. Ciré BA
    14 janvier 2012 à 23 h 54 min

    Le dernier fondateur : Mamoudou Samba Boly BA (1920-2012)

    Le dernier fondateur s’en est allé. Longtemps opposant, il fera partie de l’équipe des fondateurs puis sera une victime collatérale des événements de 1966, avant de se retirer de la vie politique. Nous avons eu le privilège de le côtoyer, de travailler avec lui en coulisse et de recueillir ses confidences pour nos recherches et sa biographie. Mais au fond, que sait-on de cet homme qui fut grand témoin de l’histoire de notre pays ?

    Né en réalité le 8 janvier 1920, Mamoudou Samba Boly Ba a effectué sa scolarité à l’école élémentaire de Kaédi avant de rejoindre l’école supérieure Blanchot à Saint-Louis pour des études secondaires puis l’École Normale des Instituteurs de Sébikotane au Sénégal.

    Il n’eut guère le temps d’exercer cette fonction, car il fut aussitôt enrôlé dans l’armée coloniale avec son ami de toujours le Professeur Assane Seck (Ministre à plusieurs reprises sous le régime socialiste) jusqu’en 1946. Une amitié qui remonte à leur scolarité à l’école Blanchot. L’homme s’est donc forgé dans le vrai sens du terme et son itinéraire présageait un avenir politique significatif pour son pays d’origine.

    À la fin de la grande guerre, il rejoint Dakar, siège du gouvernement de l’Afrique de l’Ouest, entre dans l’administration coloniale en qualité de cadre au cabinet du Haut Commissaire, puis à la Mairie de Dakar, avant d’être affecté à la direction des Finances à Saint-Louis. Cette affectation prend l’allure d’une « sanction » que seule l’analyse historique nous permettra de démêler. Elle mérite d’être étudiée pour mieux comprendre les enjeux et les fondements des décisions que l’homme allait prendre par la suite. En attendant déclinons quelques éléments d’appréciation de son engagement politique.

    Opposant, il choisira sa vraie patrie : 1948-1957

    Son retour coïncide avec un moment où se joue le destin du futur territoire la Mauritanie : l’élection en 1946 à l’Assemblée nationale française du futur représentant de la Mauritanie. Il intègre dans cette perspective une association d’anciens élèves des écoles coloniales, sortants pour la plupart de William Ponty, tous originaires de la vallée, deux rives confondues pour « créer un climat familial ». C’est le point de départ de son engagement politique qui le situera d’entrée dans l’opposition.

    En effet, membre de l’Union Générale des Originaires de la Vallée du Fleuve (UGOVAF), il contribuera avec d’autres à faire évoluer à partir de 1947 cette organisation vers la défense des intérêts de la communauté noire en territoire de Mauritanie. C’est ainsi que lors du renouvellement de ses instances en 1948, se dégageront deux tendances, dont une incarnée par les « futurs mauritaniens » qui finiront par la quitter pour créer l’Entente Mauritanienne. C’est en compagnie de Samba Gandéga, avec qui il vient de quitter l’UGOVAF, qu’il rejoindra un groupe de Mauritaniens (NDiawar Sarr, Diéri Sidibé, Dey Ould Sidi Baba…) pour fonder en 1950 l’Entente Mauritanienne, présidée par Horma Ould Babana. Ce parti, qui n’avait pas les faveurs de l’administration coloniale, participera aux élections législatives de juin 1951 et janvier 1956 contre l’Union Progressiste Mauritanienne (UPM) de Sidi El Mokhtar NDiaye puis de Mokhtar Ould Daddah qui en prendra les commandes avec la bénédiction de la puissance coloniale. L’Entente perdra, bien sûr, ces élections.

    Après sa défaite de janvier 1956, Horma Ould Babana s’en va de l’Entente, rejoint le Maroc et s’aligne sur les positions du parti marocain de l’Istiqlal puis officielles du Maroc qui avait des visées territoriales sur la Mauritanie. Mamoudou Samba Boly Ba pour sa part, quitte l’Entente et fonde le Bloc Démocratique du Gorgol (BDG) à Kaédi en 1956.

    Ce petit parti, sensible aux idées fédéralistes de Senghor, serait-il un des ancêtres de la mouvance négro–africaine actuelle ? Toujours est-il que, son fondateur ne sera que toléré dans la mouvance gouvernementale.

    Expérience gouvernementale et parlementaire : 1959-1966

    Fort de ses expériences successives à l’UGOVAF et à l’Entente puis de son ancrage au BDG, c’est en poids lourd qu’il arrive au Congrès d’Aleg, tenu du 2 au 5 mai 1958. Mokhtar Ould Daddah l’a bien compris, qui l’invita au dépassement des clivages pour la mise en place d’un regroupement des forces politiques au sein du Parti du Regroupement Mauritanien (PRM). Le PRM deviendra le Parti du Peuple Mauritanien (PPM – parti unique) qui dirigera notre pays jusqu’au coup d’État militaire du 10 juillet 1978.

    À l’issue de ce congrès, la Mauritanie s’est dotée d’une Constitution dite du 22 mars 1959 et d’un deuxième gouvernement (de dix membres) dans lequel il fera son entrée pur occuper le portefeuille de l’Urbanisme et l’Habitat aux côtés d’Amadou Diadié Samba Diom Ba, seul Noir membre du premier Conseil de Gouvernement (qui en comptait cinq) et qui l’a parrainé : La cooptation et l’entrée de Dey Ould Sidi Baba, transfuge lui aussi de l’Entente Mauritanienne, dans le Conseil de Gouvernement furent ainsi compensées. Dey Ould Sidi Baba finit malgré tout par rejoindre Horma ould Babana au Maroc. Il deviendra Président de l’Assemblée Nationale Chérifienne.

    Le 29 septembre 1961, avec la mise en place du troisième gouvernement (onze membres) qui a vu l’entrée du Docteur Bocar Alpha Ba comme Ministre de la Santé, Mamoudou Samba Boly est nommé Ministre des Finances. Il deviendra plus tard Président de l’Assemblée Nationale.

    Parenthèse brutale d’une carrière politique : 1966

    La création du PRM n’a pas dissipé pour autant les revendications des Noirs. Celles-ci passeront même de la représentativité proportionnelle à la remise en cause de la cohabitation.

    Ainsi, en 1963, des dizaines de cadres Noirs, déçus de la suite réservée aux résolutions du Congrès d’Aleg et regroupés au sein de l’Union Générale des Originaires de la Mauritanie du Sud (UGOMS) expriment ceci, dans un document remis à Mokhtar Ould Daddah, Chef de l’Etat : « Nous ressortissants de la Mauritanie noire, adjurons le Congrès, le Parlement et le Chef de l’Etat de réviser immédiatement les structures de l’Etat, dans un sens Fédéral pour répondre à la volonté du pays ».

    Dans le sillage de l’UGOMS, en février 1966, 19 cadres noirs (dont ses proches par la parenté) rédigent et publient le Manifeste dit des 19 dans lequel, ils dénoncent comme l’UGOMS la place réservée à leur communauté, tirent la sonnette d’alarme et demandent une meilleure répartition des pouvoirs. La sortie de ce Manifeste provoqua une guerre civile.

    Mamoudou Samba Boly Ba prit sur lui l’initiative d’aller voir Mokhtar Ould Daddah pour lui demander que les inquiétudes exprimées par les jeunes cadres puissent être entendues et prises en charge. Mais, Mokhtar Ould Daddah, qui le soupçonnait d’être en intelligence avec certains auteurs de ce Manifeste et qui n’a rien oublié à la fois de son passé d’opposant et de son penchant pour la création d’un État Fédéral, le démit de sa fonction de Président de l’Assemblée Nationale et le muta à Chinguetti comme Chef de Subdivision, sous les ordres de quelqu’un qu’il est amené à former.

    Un communiqué laconique du Bureau Politique National (BPN) du parti unique, à l’issue de sa réunion du 21 février 1966, tente de maquiller cette éviction en ces termes : « le BNP constate la démission en blanc de Ba Mamoudou Samba Boly qui, n’étant plus Député, cesse d’être Président de l’Assemblée Nationale ». Quelques semaines plus tard, il sera mis fin à la fonction ministérielle (Développement) d’Elimane Kane. C’est la fin d’une carrière politique et le début d’une autre : les affaires. Mais la politique n’était jamais loin pour ce symbole respecté.

    Avec son benjamin Bocar Alpha Ba, il a repris avec succès les établissements Lacombe et a créé la Société Mauritanienne du Bâtiment (Somabat) offrant ainsi des emplois à des dizaines de personnes. La gestion très sociale de ces entreprises a permis à de nombreuses familles de vivre dignement et à des jeunes d’avoir un métier.

    Mythe et mérite

    Le nom et l’image de Mamoudou Samba Boly Ba restent associés à la fondation de la Mauritanie et au Congrès d’Aleg. L’opinion publique Fuutanke, noire de façon générale traumatisée et qui avait besoin de fabriquer des héros historiques ou de trouver un bouc émissaire, parle de lui comme l’homme qui a refusé d’assumer la fonction de Président de la République qui lui était tout naturellement accessible, ouverte, donc comme responsable de la « souffrance de sa communauté ». En réalité, il n’en est rien.

    Il est indispensable d’interroger l’histoire pour mieux saisir toutes les subtilités qui alimentent cette mise à l’écart et les supputations qui en découlent. Les enjeux et les intrigues, qu’elles alimentent pour les positionnements dans une Mauritanie encore fragile, en sont pour quelque chose. En tout cas ce qui est sûr c’est que Mamoudou Samboly Ba ne peut être soupçonné de manque de patriotisme car quand le bruit de la défection de Horma Ould Babana commença à circuler, il n’hésita pas à dire à son désormais ex-camarade qu’il leur était impossible de continuer à le soutenir si son option pour rejoindre le Maroc au détriment de l’indépendance de la Mauritanie s’avère. Il est d’ailleurs aberrant de continuer à penser à cette éventualité dans la mesure où déjà dans les années 1950 quand Mamoudou Samboly Ba rencontre Mokhtar Ould Daddah, sur la demande de ce dernier, à Saint-Louis, le destin du «père de la nation» était déjà scellé. Dans son témoignage d’autres éléments permettront d’apprécier à sa juste valeur ce qui s’est passé au moment de sa mise à l’écart. De toute façon, l’administration coloniale avait choisi son homme, Mokhtar ould Daddah, et le pouvoir devait échoir à ce dernier comme si c’était naturel.

    La longévité de Mamoudou Samba Boly et son silence ont fini par créer un mythe. Dès 1985, nous avions engagé un travail d’approche, poursuivi sous une autre forme une fois en exil. L’un des coauteurs de ce témoignage, Abderrahmane Ngaïdé « Bassel », sur la demande pressante de notre Professeur Abdoulaye Bathily, avait entrepris des entretiens avec l’homme en juin 2008. Des circonstances particulières ont stoppé ces entretiens et d’autres en retardent la production. Notre grand témoin rompra le silence une nouvelle fois en 2010, lors de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance nationale. Cette «confession» consignée sera publiée très prochainement dans un cadre scientifique. Il prend sur lui l’engagement ferme de réaliser ce début de travail historique que la génération d’historiens d’aujourd’hui doit entreprendre de manière impérative. L’objectif est de réaliser un livre d’entretiens avec le premier président de l’Assemblée Nationale mauritanienne.

    Cet inlassable combattant, lutta de toutes ses forces pour empêcher la déportation en 1989 de nombreuses familles. Il a permis la restitution des biens confisqués de plusieurs autres. Ces évènements l’ont meurtri au point qu’il n’a pas hésité la même année, à sillonner avec d’autres, dont feux Aboubakry Kalidou Ba et Baba Gallé Wone la sous-région ouest africaine pour tenter de mettre fin à ce qui représentait à ses yeux une véritable catastrophe. Ils eurent la sagesse de nous y associer, ainsi que certains de nos camarades en exil forcé. C’est donc un des derniers témoins de la construction de notre pays, au parcours atypique qui disparait. Sa mémoire – comme celles de tous les fondateurs – mérite d’être partagée, sauvegardée. Il importe pour cela que la jeunesse s’intéresse à ceux encore vivants qui peuvent témoigner sur le parcours d’hommes qui, par leur position et leur courage, ont vécu sous l’ombre de l’anonymat. Mamoudou Samboly Ba fait partie de ces hommes. Il est parti après avoir traversé presque un siècle, emportant avec lui des souvenirs inestimables. Aujourd’hui, les enregistrements en possession d’Abderrahmane Ngaïdé seront exploités, dans les limites qu’exige la déontologie du chercheur, pour commémorer ce patriote que l’histoire mauritanienne doit célébrer.

    Sur un plan symbolique, il serait presque exigé du patron de la Communauté Urbaine de Nouakchott, associé aux autorités centrales, de lui consacrer une artère à son nom, à l’instar de son alter égo Mokhtar Ould Daddah. Ce serait un hommage bien mérité pour un grand patriote, membre fondateur de la nation mauritanienne.

    Réhabiliter toutes les figures historiques nationales, serait non seulement reconnaître leur mérite, mais inscrire dans notre mémoire collective le souvenir d’hommes et de femmes qui ont participé à la proclamation de notre souveraineté nationale à un moment crucial de notre histoire.

    Que son âme repose en paix dans cette terre qui l’a vu naître et pour laquelle il s’est tant dépensé. Amine.

    Boubacar DIAGANA, Ciré BA & Abderrahmane NGAÏDÉ

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