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Cisse Yatera

Cissé Yatéra, artiste franco-mauritanienne:  » J’ai choisi la musique comme fidèle destrier »

Cissé Yatéra est une artiste franco-Mauritanienne. Elle s’est produite à la 2e édition du Festival Walo Musik International  qui s’est déroulée du 23 au 26 juin 2011 à Rosso en Mauritanie. Ce fut une occasion pour les organisateurs de cet évènement de faire découvrir au public rossossois cette jeune artiste pleine de talents qui fait son entrée parmi les artistes de la diaspora africaine.

Artiste charismatique, Cissé Yatera affirme son identité musicale avec un concept bien à elle! Elle aborde des thèmes liés à ses rencontres et histoires de vie. Sa musique, faite de Pop Soul parfois teintée de percussions ou d’instruments traditionnels africains, donne à sa voix hors du commun toute sa puissance et sa profondeur.

Que ce soit en formation acoustique (guitare, percussion) ou en formation complète (basse, batterie, guitare, clavier), cette artiste de scène, de partage et d’échange nous invite à découvrir son univers. Entretien.

Comment définissez-vous votre style de musique?

Mon style musical s’est défini au fil du temps. Il dépasse un peu les clivages dans la mesure où il ne se limite pas à un courant musical spécifique.  En effet, je suis plutôt à la croisée de plusieurs influences musicales avec lesquelles j’ai grandi. La dénomination Pop traduit une musique populaire que je me suis appropriée sans distinction d’origine qu’elle soit française, africaine, américaine, espagnol, indienne. La dénomination Soûl définit étymologiquement  » l’âme ». Elle est une caractéristique essentielle qui accompagne chacune des notes de ma musique et de mes mots. J’aime à dire que mon style musical est à la fois libre et profondément humain. C’est un style universel finalement!

Vos racines mauritaniennes sont justement de l’autre côté de la mer…

Tout comme la mer, la musique n’a pas de limites et symbolise l’abolition des frontières. Son pouvoir est incommensurable car au-delà de la barrière du langage, la musique véhicule des émotions fortes que tout le monde peut percevoir. C’est la raison pour laquelle j’utilise dans mes chansons sans aucun complexe, mon dialecte maternel (le Soninké) et bien d’autres (Wolof, Peuhl, anglais, arabe, …)! Le langage quel qu’il soit embelli considérablement la musique et lui donne un sens.

De quoi parle votre chanson Safoura?

Safoura est le  prénom d’une petite fille rencontrée dans un bidonville du Mali (Mékin Sikoroni) lors d’un voyage à caractère humanitaire. Je ne savais pas qu’elle était malade : elle était pleine de vie, elle était incroyable. Je pensais que j’avais des choses à lui apporter, et c’est elle qui a finalement bouleversé ma vie !

Elle m’a appris à voir le monde à travers ses yeux d’enfant, à apprécier les choses à leur juste valeur. Quand elle partait au marché avec une seule pièce pour acheter à manger, elle trouvait toujours le moyen de m’offrir quelque chose au retour. Les rôles étaient inversés ! Safoura prenait soin de moi comme pour m’aider à supporter la vie qu’elle menait tous les jours !

C’est moi qui étais censée lui faire des cadeaux et je n’ai rien pu lui donner de plus significatif que mon cœur ! Quelques semaines après mon retour en France, elle est décédée du paludisme. C’est à ce moment là  que j’ai écrit cette chanson… J’ai écrit Safoura pour qu’elle puisse continuer à vivre dans mon cœur. Des Safoura, il y en a aux quatre coins du monde. Je veux contribuer à rendre hommage à ces enfants qui brillent et dont la vie est trop courte.

A travers mes chansons, je milite pour un idéal commun à tout être humain sans aucune distinction… Je milite pour la  paix dans le monde! C’est peut-être naïf ou même utopique, surtout dans le contexte actuel, mais toute quête conserve une dimension mythique, et j’ai choisi la musique comme fidèle destrier.

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